
La France a recommandé, ce vendredi, à ses ressortissants de quitter le Mali « dès que possible », face à une détérioration rapide de la situation sécuritaire.
Dans une note aux voyageurs publiée par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Paris met en garde contre une escalade de la violence, jusque dans la capitale Bamako, désormais menacée par un blocus imposé par les groupes terroristes.
Un pays sous blocus et à bout de souffle
« Depuis plusieurs semaines, le contexte sécuritaire se dégrade au Mali, y compris à Bamako », poursuit la note officielle. « Il est recommandé aux ressortissants français de prévoir un départ temporaire du Mali dès que possible par les vols commerciaux encore disponibles. ». Le ministère rappelle qu’il « reste formellement déconseillé de se rendre au Mali, quel que soit le motif ».
Cela fait maintenant quelques semaines que les terroristes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, ont imposé un blocus sur les importations de carburant et les principaux axes commerciaux menant à Bamako. Cette stratégie d’asphyxie vise à paralyser l’économie malienne et à fragiliser davantage les autorités de transition, déjà isolées sur la scène internationale.
Les conséquences sont lourdes : pénurie de carburant, flambée des prix et ralentissement du transport de marchandises. Plusieurs chauffeurs routiers ivoiriens et burkinabè ont d’ailleurs cessé de desservir le Mali, craignant les attaques sur les routes.
Paris suit la situation « avec une véritable préoccupation »
Interrogé jeudi 6 novembre, Pascal Confavreux, porte-parole du Quai d’Orsay, a déclaré que la France suivait la situation « avec une grande attention et une véritable préoccupation ». Et de poursuivre : « Le dispositif diplomatique est inchangé, avec l’ambassade de France ouverte, dirigée par un chargé d’affaires qui s’occupe notamment de la protection consulaire de nos 4 300 ressortissants inscrits sur la liste consulaire », a-t-il précisé, tout en insistant : « Leur sécurité est prioritaire. »
Pour l’heure, aucune évacuation du personnel diplomatique n’a été annoncée. Cependant, la recommandation française fait écho à celles formulées récemment par les États-Unis et le Royaume-Uni, qui ont déjà évacué leur personnel « non essentiel » et les familles de leurs diplomates face à la montée des risques.
Une crise sans fin
Plongé dans une spirale de violence depuis 2012, le Mali est confronté à une insécurité chronique nourrie par l’activisme de groupes terroristes, mais aussi par des milices communautaires et des trafiquants armés. Malgré la fin de l’opération française Barkhane en 2022 et le départ des forces onusiennes de la MINUSMA en 2024, les autorités maliennes de transition, dirigées par le général Assimi Goïta, n’ont pas encore réussi à reprendre le contrôle du territoire.
La multiplication des attaques ces dernières semaines confirme la reprise d’initiatives des groupes armés, notamment dans le centre du pays et jusqu’aux abords de Bamako, où la peur s’installe. L’appel de Paris à ses ressortissants donne un nouveau signal dans la perception internationale de la crise malienne. Loin d’être un simple avertissement, cette recommandation traduit l’inquiétude croissante face à un effondrement sécuritaire et humanitaire latent.



