
L’armateur international MSC a annoncé, le 6 novembre 2025, la suspension « jusqu’à nouvel ordre » et avec « effet immédiat » de ses activités de transport routier de marchandises à destination du pays.
La décision de MSC apparaît comme un nouveau coup dur portée à une économie malienne déjà mise à mal par la pénurie de carburant.
Les motifs de la décision
Dans son communiqué, MSC précise que la décision est liée à « des défis opérationnels majeurs causés par des préoccupations de sécurité et une pénurie de carburant ».
Le transport routier de marchandises à destination du Mali dépend fortement de la sécurisation des corridors terrestres depuis les ports régionaux. Or, plusieurs éléments convergent :
- le pays enclavé dépend fortement des importations de carburant, de biens et de denrées arrivant par voie maritime puis terrestre ;
- le groupe terroriste Jama’at Nusrat al‑Islam wal Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a imposé début septembre un blocus des importations de carburant, ciblant notamment les convois routiers et provoquant des attaques meurtrières ;
- le contexte sécuritaire est de plus en plus hostile aux transports terrestres, avec des embuscades et un climat d’incertitude pour les entreprises de fret.
Ainsi, c’est dans ce contexte que MSC a décidé de suspendre ses opérations via les corridors depuis les ports d’Abidjan, Dakar, Tema, Lomé ou Conakry vers le Mali.
Les conséquences pour le Mali
Cette décision constitue un nouveau coup dur pour l’économie malienne, déjà malmenée :
- le blocage du transport routier de marchandises signifie un ralentissement des importations essentielles, ce qui pourrait se répercuter sur les stocks en carburant, biens de consommation, équipements industriels ;
- le combustible, déjà rare par suite des attaques terroristes, reste un sujet de crise permanente : longues files d’attente dans les stations-service, coupures d’électricité, perturbations dans les transports publics ;
- pour l’État et les importateurs, les coûts logistiques augmentent : redirection possible des voies, stockage prolongé, incertitudes sur les délais et sur les coûts de transport ;
- sur le plan commercial, le transport routier étant l’étape finale après le transport maritime depuis les ports côtiers vers Bamako, la suspension annonce une perturbation majeure des chaînes d’approvisionnement, et un risque élevé de hausse sensible des prix des denrées.
Une question de sécurité nationale et de chaîne critique
MSC suspend ses opérations à un moment où un autre grand acteur du secteur, CMA CGM, avait annoncé une suspension similaire avant de finalement décider de maintenir ses liaisons après discussions avec les autorités maliennes. Cette divergence entre acteurs logistiques illustre la gravité de la situation sécuritaire et logistique au Sahel.
Par ailleurs, le fait que la menace provienne non seulement des groupes armés mais aussi du contrôle économique des flux de carburant par l’un d’entre eux renforce l’idée que ce type de transport n’est plus seulement une question de logistique mais aussi de sécurité nationale et de chaîne critique. Pour le Mali, pays enclavé et dépendant de corridors terrestres depuis les ports extérieurs, la suspension des transports routiers par un grand opérateur international met en lumière la vulnérabilité structurelle de cette dimension essentielle de son économie.




