La pénurie de carburant paralyse le secteur de l’éducation au Mali


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Une classe
Une classe vide

Le Mali traverse depuis plusieurs semaines une crise énergétique sans précédent qui fragilise le pays déjà confronté à de multiples défis. Cette pénurie de carburant, qui s’étend désormais à l’ensemble du territoire national, touche déjà largement les secteurs essentiels de l’éducation et de la Santé.

La pénurie actuelle résulte d’un enchevêtrement de causes où le facteur sécuritaire est déterminant. Les groupes armés terroristes, actifs dans plusieurs régions du pays, imposent régulièrement des blocus sur les axes routiers stratégiques, notamment ceux reliant Bamako aux ports d’approvisionnement ouest-africains. Ces blocages empêchent l’acheminement des camions-citernes, créant des ruptures d’approvisionnement dramatiques. À cela s’ajoutent les difficultés économiques du pays, les tensions avec les fournisseurs internationaux suite aux retards de paiement, et les effets résiduels des sanctions de la CEDEAO, récemment levées mais dont l’impact perdure.

L’éducation, victime collatérale majeure

Parmi les conséquences les plus dramatiques de cette pénurie figure l’arrêt quasi-total des cours dans de nombreux établissements scolaires et universitaires. Sans carburant, les enseignants ne peuvent se rendre dans leurs établissements, particulièrement dans les zones périphériques où les distances sont importantes. Les étudiants eux-mêmes, dépendants des transports en commun devenus rares et onéreux, se trouvent dans l’impossibilité de rejoindre leurs campus. Cette situation compromet gravement l’année scolaire en cours et creuse davantage les inégalités éducatives.

Au-delà du secteur éducatif, c’est l’ensemble de l’économie malienne qui suffoque. Les files d’attente interminables devant les rares stations-service approvisionnées sont devenues le symbole de cette crise. Le prix du litre d’essence, quand il est disponible, a parfois triplé au marché noir.

Un pays au ralenti

Les transports publics fonctionnent au ralenti, paralysant les déplacements professionnels et commerciaux. Les hôpitaux peinent à maintenir leurs services d’urgence, les groupes électrogènes ne pouvant plus pallier les délestages électriques fréquents.

Cette crise énergétique révèle la vulnérabilité structurelle du Mali et l’urgence de diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique. Sans solution rapide, c’est l’avenir d’une génération entière d’étudiants maliens qui se trouve compromis, accentuant la spirale de fragilisation du pays.

Idriss K. Sow Illustration d'après photo
Journaliste-essayiste mauritano-guinéen, il parcourt depuis une décennie les capitales et les villages d’Afrique pour chroniquer, en français, les réalités politiques, culturelles et sociales de l'Afrique
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