Maghreb : quand les canicules embrasent les forêts


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Incendies au Maroc
Le Maroc lutte contre les incendies (illustration)

Avec des températures dépassant régulièrement les 45°C et des sécheresses de plus en plus sévères, les pays du Maghreb font face à une multiplication sans précédent des incendies de forêt. De l’Atlas marocain aux montagnes de Kabylie, en passant par les forêts tunisiennes, ces catastrophes écologiques révèlent l’urgence d’une adaptation régionale face au changement climatique.

Le Maghreb fait face à une augmentation alarmante des feux de forêt, exacerbée par des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses. Cette région, déjà caractérisée par un climat méditerranéen propice aux incendies durant la saison estivale, voit ses écosystèmes forestiers soumis à une pression sans précédent.

Les températures records enregistrées ces dernières années, dépassant régulièrement les 45°C dans certaines zones, créent des conditions idéales pour le déclenchement et la propagation rapide des incendies. L’Algérie, le Maroc et la Tunisie sont particulièrement touchés, avec des bilans humains et écologiques de plus en plus lourds.

Les facteurs aggravants

Les canicules transforment la végétation en combustible hautement inflammable. L’humidité des sols chute drastiquement, les feuilles et branches mortes s’accumulent, créant un tapis de matière sèche prêt à s’embraser à la moindre étincelle. Les vents chauds du Sahara, comme le Sirocco, accélèrent la dessiccation de la végétation et favorisent la propagation des flammes sur de vastes distances.

Les forêts méditerranéennes du Maghreb, dominées par des essences comme le pin d’Alep, le chêne-liège et le cèdre de l’Atlas, sont naturellement adaptées au feu mais pas à cette fréquence et intensité. La régénération naturelle devient impossible quand les incendies se succèdent à intervalles trop rapprochés, menaçant la biodiversité unique de ces régions.

L’urbanisation galopante et l’extension des zones d’interface entre habitations et forêts multiplient les sources potentielles d’ignition. Mais ce sont surtout les négligences humaines, les activités agricoles traditionnelles comme le brûlage des chaumes, et parfois les actes criminels, qui représentent près de 90% des départs de feu dans la région.

Les conséquences multiples

Les feux de forêt au Maghreb détruisent chaque année des milliers d’hectares de couvert forestier, libérant des quantités massives de CO2 dans l’atmosphère et aggravant le changement climatique. La perte de biodiversité est catastrophique : de nombreuses espèces endémiques, comme le singe magot dans les forêts du Moyen Atlas, voient leur habitat réduit de manière dramatique.

Face à la mutiplication des incendies, les gouvernements maghrébins ont mis en place des dispositifs de surveillance et d’intervention. Mais les moyens restent insuffisants face à l’ampleur du phénomène. En outre, les colonnes mobiles de lutte contre les incendies manquent d’équipements modernes. De plus, la coordination transfrontalière est embryonnaire malgré la nature régionale du problème. Heureusement, l’utilisation de drones, de satellites et de capteurs connectés permet une détection précoce des départs de feu. Surtout, des systèmes d’alerte basés sur l’intelligence artificielle commencent à être déployés. Ils analysent en temps réel les conditions météorologiques et l’état de la végétation pour cartographier les zones à risque.

En effet, face à cette menace grandissante, une coopération maghrébine renforcée s’impose. Le partage d’expériences, la mutualisation des moyens de lutte et l’harmonisation des politiques de prévention permettraient d’optimiser les ressources.

Les feux de forêt au Maghreb, amplifiés par les canicules récurrentes, représentent l’une des manifestations les plus visibles et destructrices du changement climatique dans la région.

Zainab Musa
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Zainab Musa est une journaliste collaborant avec afrik.com, spécialisée dans l'actualité politique, économique et sociale du Maghreb et de l'Afrique de l'Ouest. À travers ses enquêtes approfondies et ses analyses percutantes, elle met en lumière des sujets sensibles tels que la corruption, les tensions géopolitiques, les enjeux environnementaux et les défis de la transition énergétique. Ses articles traitent également des évolutions sociétales et culturelles, notamment à travers des reportages sur les figures influentes du Maroc et de l’Algérie. Son approche rigoureuse et son regard critique font d’elle une voix incontournable du journalisme africain francophone.
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