Les Miss font de la politique


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Certaines Miss nationales occidentales et africaines ont décidé de boycotter le concours Miss Monde qui aura lieu au Nigeria en novembre prochain. Les reines de beauté entendent ainsi montrer leur désaccord avec la charia en vigueur dans les Etats du Nord du pays.

Miss France, Miss Belgique, Miss Danemark ou encore Miss Norvège n’iront pas à Abuja le 30 novembre prochain pour participer au concours Miss Monde. Sortant de leur réserve habituelle, les Miss ont en effet décidé de ne pas cautionner les différentes condamnations pour adultère qui ont entaché l’image du Nigeria à l’étranger cette année.  » Le Comité Miss France s’associe aux protestations contre le Nigeria qui condamne les femmes à mort pour adultère. Ces décisions sont barbares et inadmissibles « , a déclaré Geneviève de Fontenay, présidente du comité français.

Après l’annulation de la condamnation de Safiya Husseini, la cour d’appel islamique de Futunda a confirmé, le 19 août, la condamnation à mort par lapidation d’une femme de 30 ans, Amina Lawal, pour avoir eu un enfant hors mariage plus de neuf mois après son divorce, ce qui est considéré comme zina (adultère) en vertu de la charia appliquée dans cet Etat. Le gouvernement nigérian s’était alors déclaré  » totalement opposé  » à cette décision sans pour autant intervenir pour la faire annuler. Miss Norvège a qualifié de  » tout à fait révoltante  » cette condamnation à mort. Et son manager d’expliquer qu’elle pourrait renoncer à concourir au titre de Miss Monde pour protester contre cette décision.

Se révolter contre ça

Quant à la Miss France Sylvie Tellier, elle a confié sur les ondes de France Inter avoir conscience que son boycott  » ne va pas changer la face du monde « , mais  » si cela pouvait faire annuler cette condamnation, ce serait inespéré « . En tant que Miss,  » on se doit à une certaine neutralité (…) mais sur des questions comme cela, ne rien dire, je trouve que c’est cautionner cet acte. Il est nécessaire qu’on se révolte contre ça « , a ajouté la jeune femme.

Du côté des Miss africaines, Miss Kenya a d’ores et déjà fait savoir qu’elle ne se rendrait pas à Abuja. Il pourrait en être de même de Miss Côte d’Ivoire. En revanche, la Miss Togo, fraîchement élue samedi dernier, fera le voyage. Gaspard Baka, président du Comité National Miss Togo, est catégorique :  » Il faut que l’élection se tienne au Nigeria car ce sera la première fois dans l’histoire de cette organisation. Il faut participer pour dire non aux extrémistes du Nord qui tentent d’empêcher la manifestation. Ne pas y aller, c’est faire le jeu de ces islamistes. Il faut leur montrer qu’ils ne sont pas seuls sur terre. Tant que la sécurité de ma Miss est garantie, il n’y a aucune raison pour qu’elle ne participe pas « .

Pays indécis

En effet, un groupe islamique a demandé l’annulation de ce concours, qu’il considère comme une  » pollution de l’atmosphère morale du pays  » et un  » stratagème pour se faire de l’argent en exploitant des femmes « . Le Nigeria compte beaucoup sur cette manifestation pour doper le tourisme dans le pays, mais les organisateurs sont inquiets : plusieurs pays n’ont toujours pas confirmé leur présence à ce qui doit être l’événement show-bizz le plus important qu’ait jamais connu le pays. Une douzaine de pays restent encore indécis.

Les promoteurs du concours appellent tous les pays à participer afin  » de protester plus efficacement « .  » S’ils veulent dénoncer la charia, qu’ils viennent au Nigeria. Ils y seront écoutés par les médias internationaux « , plaide Guy Murray-Bruce de Silverbird Promotions, co-sponsor du concours.

Le Nigeria avait conquis le droit d’organiser le concours cette année car c’est une Nigériane, Agbani Darego, qui a remporté le titre l’année dernière, devenant la première Africaine noire à porter la couronne de reine de beauté mondiale.

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