
Depuis le 26 décembre, le Bénin est officiellement entré en campagne pour les élections législatives et communales prévues le 11 janvier 2026. Pourtant, à Cotonou comme dans plusieurs grandes villes, l’effervescence habituelle des périodes électorales tarde à se manifester.
Le Bénin est officiellement entré dans la fièvre des élections générales de 2026, mais pour l’instant, le thermomètre peine à grimper. Depuis le vendredi 26 décembre, les états-majors des partis politiques ont lancé les hostilités pour le compte des législatives et des communales prévues le 11 janvier prochain. Pourtant, dans les rues de Cotonou comme dans plusieurs grandes villes du pays, l’ambiance est restée particulièrement calme, presque feutrée, contrastant avec l’effervescence habituelle des veilles de scrutins majeurs.
Une matinée entre gueule de bois festive et timidité politique
Le premier jour de la campagne, le réveil a été tardif pour la machine électorale. Au lendemain des célébrations de Noël, la capitale économique affichait un visage des plus ordinaires. Les grandes artères, habituellement saturées d’affiches colorées dès les premières heures, sont restées nues durant toute la matinée du vendredi. Ce n’est que dans l’après-midi que les premiers visages des candidats ont commencé à fleurir aux carrefours stratégiques.
Pendant que le terrain physique se préparait doucement, la bataille a véritablement fait rage dans l’espace numérique. Les réseaux sociaux ont été pris d’assaut par les différentes formations en lice. Du Bloc Républicain (BR) à l’Union Progressiste le Renouveau (UP-R), en passant par Les Démocrates (LD), les Forces Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE) et MOELE-Bénin, les messages de mobilisation et les appels au vote ont inondé les fils d’actualité, créant une animation virtuelle que les rues ne reflétaient pas encore.
La stratégie du front commun dans le nord
Le week-end a toutefois permis de passer à la vitesse supérieure, notamment du côté de la mouvance présidentielle. Dans la ville de Parakou, les deux géants de la majorité, le Bloc Républicain et l’Union Progressiste le Renouveau, ont frappé un grand coup en organisant un lancement conjoint. Côte à côte, Abdoulaye Bio Tchané et Joseph Djogbénou ont affiché une unité de façade destinée à rassurer leur base. Sous le slogan évocateur de « la majorité pour tous et tous pour la majorité », les deux leaders entendent bien rafler la mise lors de ce double scrutin législatif et communal.
Cette démonstration de force vise à asseoir une domination territoriale face à une opposition qui joue ici son va-tout. Pour les partisans du pouvoir, l’enjeu est de maintenir la dynamique actuelle tout en répondant aux premières thématiques imposées par la Haute autorité de l’audio-visuel et de la communication, axées pour ce début de campagne sur le triptyque éducation, formation et emploi.
L’opposition joue sa survie sur un seul tableau
Pour le parti Les Démocrates, dirigé par l’ancien président Boni Yayi, la donne est différente. Ne participant qu’au scrutin législatif, la formation mise tout sur l’entrée massive de ses députés au Parlement pour, selon ses mots, « sauver la démocratie ». Sur le terrain, leurs responsables multiplient les descentes sans tambour ni trompette, privilégiant le contact direct avec les électeurs. Le message est clair : transformer ce scrutin en un test de popularité pour le régime en place.
De leur côté, les FCBE ne comptent pas faire de la figuration. Par la voix de certains de leurs cadres, le parti a déjà promis une intransigeance totale sur le contrôle de l’action gouvernementale. Ils pointent du doigt une gestion qu’ils jugent peu exemplaire de la part de l’actuel exécutif, espérant ainsi capter le vote des déçus de la mouvance.
Des électeurs entre espoir de calme et soif de redevabilité
Au milieu de cette joute politique, le citoyen béninois observe avec une prudence certaine. Si les appels à une campagne apaisée et sans violence sont sur toutes les lèvres, les exigences des électeurs se font de plus en plus précises. Les citoyens ne cachent plus leur agacement face aux promesses non tenues et à la pratique des « députés nomades » ou de ceux qui disparaissent une fois le siège obtenu.
Le souhait général est celui d’un débat de fond, loin des invectives, où les candidats s’engagent réellement sur le quotidien des populations. La campagne, qui doit s’achever le 9 janvier, devrait monter en intensité dans les prochains jours, au fur et à mesure que les moyens logistiques seront déployés sur l’ensemble du territoire national. Pour l’heure, le Bénin savoure encore une relative tranquillité avant le grand saut vers les urnes du 11 janvier.





