Le Soudan au bord du gouffre humanitaire, l’appel pressant du pape Léon XIV


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Robert Prevost pape Léon XIV
Robert Prevost pape Léon XIV

Alors que le Soudan s’enfonce dans une crise sans précédent, le pape Léon XIV a exhorté la communauté internationale à réagir. Guerre, famine, épidémies et catastrophes naturelles : le pays cumule les drames dans un silence quasi-généralisé.

Un appel solennel depuis le Vatican

Ce mercredi, lors de son audience générale, le pape Léon XIV a prononcé un discours empreint de gravité. S’exprimant sur la situation dramatique au Soudan, il a lancé un « appel sincère » à la communauté internationale pour la mise en place de couloirs humanitaires et d’une réponse coordonnée face à la catastrophe humanitaire qui sévit dans le pays.

« Il est temps d’engager un dialogue sérieux, sincère et inclusif entre les parties afin de mettre fin au conflit et de redonner espoir, dignité et paix au peuple soudanais », a déclaré le souverain pontife, selon Vatican News. Il a également exprimé sa prière pour les victimes d’un glissement de terrain meurtrier au Darfour et a alerté sur la propagation du choléra, qui menace « des milliers de personnes déjà épuisées ».

Une guerre oubliée qui déchire le pays

Depuis avril 2023, le Soudan est ravagé par un conflit armé d’une extrême violence entre l’armée régulière (Forces armées soudanaises, SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF), une milice paramilitaire redoutée. Le conflit, déclenché par une lutte de pouvoir entre les deux entités, a plongé le pays dans un chaos absolu.

Selon les chiffres de l’ONU, la guerre aurait fait plus de 20 000 morts et entraîné le déplacement de 14 millions de personnes à l’intérieur du pays et vers les pays voisins. Mais ces chiffres pourraient être largement sous-estimés : des études récentes menées par des universités américaines estiment le nombre réel de morts à environ 130 000.

La catastrophe du Darfour : un village rayé de la carte

Comme si la guerre ne suffisait pas, le Soudan est également frappé par des catastrophes naturelles. Le 31 août 2025, un glissement de terrain provoqué par de fortes pluies a anéanti le village de Tarasin, dans les montagnes de Marra, dans l’ouest du pays. Le Mouvement/Armée de libération du Soudan (SLM/A), groupe qui contrôle cette région du Darfour, a affirmé que la totalité des habitants du village avaient péri, soit plus de 1 000 morts selon leurs estimations.

L’accès difficile à la zone, encore sous contrôle de groupes armés, empêche tout secours extérieur. Les conséquences du conflit sur la population sont catastrophiques. 14 millions d’enfants ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence, selon l’UNICEF. Le système de santé est quasiment effondré, avec 80% des hôpitaux hors service dans les zones touchées par les combats.

Un désastre humanitaire sans précédent

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a alerté en juin que plus de 18 millions de Soudanais souffrent d’insécurité alimentaire aiguë, un chiffre record. Parmi eux, 5 millions sont en situation d’urgence alimentaire, soit juste en dessous du seuil de la famine. À cela s’ajoute une épidémie de choléra, en pleine expansion. Le manque d’accès à l’eau potable, combiné à la destruction des infrastructures sanitaires, rend la situation explosive.

Plus de 30 000 cas suspects ont été recensés depuis le début de l’année, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le Soudan n’est pas seulement victime d’un affrontement interne. Le conflit a rapidement pris une dimension régionale. Des armes et des combattants affluent de pays voisins, notamment du Tchad, de la Libye et de l’Éthiopie. Le Darfour, déjà théâtre de violences génocidaires dans les années 2000, est à nouveau l’un des foyers les plus violents du conflit.

Une communauté internationale qui dénonce, mais qui agit peu

Les Forces de soutien rapide (RSF), accusées de crimes de guerre, y auraient mené des campagnes de nettoyage ethnique, notamment contre les populations Massalit. Des centaines de villages auraient été incendiés. La communauté internationale dénonce, mais agit peu. Malgré l’ampleur du drame, la crise soudanaise reste largement absente des agendas diplomatiques. Les quelques initiatives de médiation, notamment portées par l’Union africaine et certains pays du Golfe, peinent à produire des résultats durables.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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