
La guerre civile fait rage au Soudan, depuis plus d’un an, mais un autre fléau ravage silencieusement le pays : une épidémie de choléra sans précédent. Près de 100 000 cas suspects et plus de 2 470 décès ont été recensés, alerte Médecins sans frontières. Dans un contexte de violence extrême, d’exode massif et d’effondrement des services de santé, la maladie se propage rapidement, en particulier au Darfour. L’ONG appelle à une mobilisation internationale urgente pour éviter une catastrophe sanitaire encore plus grave.
Au Soudan, pays en proie à une guerre civile dévastatrice depuis plus d’un an, une autre tragédie se joue dans l’ombre : une épidémie de choléra sans précédent. L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi 14 août, annonçant près de 100 000 cas suspects et plus de 2 470 décès liés à la maladie. Un drame sanitaire qui s’aggrave dans un contexte humanitaire déjà catastrophique.
Afflux massif de déplacés
Le choléra, maladie diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée par la bactérie Vibrio cholerae, n’est pas nouveau au Soudan. Toutefois, l’ampleur de l’épidémie actuelle est inédite. Déclarée pour la première fois il y a un an par le ministère de la Santé soudanais, elle s’est rapidement propagée, aggravée par les conditions de vie dégradées dans les zones de conflit.
Rien qu’au Darfour, région de l’ouest du pays déjà ravagée par des décennies de violence, les équipes de MSF ont traité plus de 2 300 patients atteints de choléra. La semaine dernière, 40 décès y ont été recensés dans des structures de santé locales. La situation est particulièrement dramatique à Tawila, dans l’État du Darfour-Nord, où les affrontements ont provoqué un afflux massif de déplacés. Selon les Nations Unies, 380 000 personnes y ont fui les combats autour de la ville d’El Fasher, aggravant les risques de contagion.
Des infrastructures sanitaires débordées
À Tawila, le centre de traitement du choléra, officiellement prévu pour 130 lits, a accueilli jusqu’à 400 patients au cours de la première semaine d’août. Cette surpopulation a forcé le personnel médical à installer des matelas à même le sol pour tenter de soigner tous les malades. MSF, en partenariat avec le ministère de la Santé soudanais, tente de faire face tant bien que mal, mais les moyens manquent cruellement.
Dans un tel contexte, rappelle MSF, les règles d’hygiène élémentaires ne peuvent être respectées. Le manque d’accès à l’eau potable, l’absence de services d’assainissement fonctionnels, et la promiscuité dans les camps de déplacés favorisent la propagation rapide de la maladie. L’eau insalubre devient une source de mort, et la prévention devient pratiquement impossible. Le pays vit une crise humanitaire totale : guerre, déplacements forcés, effondrement des institutions sanitaires, famine, et désormais une flambée de choléra.
Une crise humanitaire multidimensionnelle
Le conflit, opposant l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (FSR), a détruit une grande partie des infrastructures publiques, y compris les hôpitaux. Les civils, pris en étau entre les combats et les maladies, sont les premières victimes. Le Darfour, où les tensions ethniques et politiques perdurent depuis des années, est particulièrement vulnérable. Les déplacements massifs de populations ne sont pas simplement des conséquences de la guerre, mais des catalyseurs de l’épidémie.
Le choléra s’installe là où l’eau est rare, les soins inaccessibles et la désinfection impossible. Face à cette situation dramatique, MSF appelle la communauté internationale à une mobilisation urgente. Dans son communiqué, l’ONG plaide pour la mise en place d’un mécanisme de coordination d’urgence dédié aux épidémies, capable de : fournir rapidement des soins de santé adaptés, renforcer les services d’eau et d’assainissement et lancer des campagnes de vaccination contre le choléra à grande échelle. Le Soudan est aujourd’hui un pays meurtri, à la croisée des urgences.