
Après neuf ans d’absence liée à une affaire judiciaire, Saad Lamjarred revient sur scène le 12 juillet à El Jadida, au Maroc. Si ses fans se réjouissent, les prix des billets créent la polémique : 950 dirhams (environ 88 €) pour la catégorie « argent » et 1750 dirhams (environ 162 €) pour la « or ». Jugés excessifs par de nombreux internautes, ces tarifs sont défendus par d’autres, qui évoquent un spectacle de haute qualité, avec animations et invités spéciaux.
Saad Lamjarred effectue son retour sur la scène musicale marocaine. Ce sera le 12 juillet à El Jadida. Si l’évènement est très attendu, il a installé une polémique au royaume chérifien avec des prix des billets jugés excessifs : 88 euros pour la catégorie « argent » et 162 euros pour la catégorie « or. Le jeune Mohamed Atef assurera la première partie, et le groupe Fnaire chantera en duo avec Lamjarred pour la première fois depuis la sortie d’Asif Habibi. Le chanteur vient aussi de lancer Riskina, un nouveau single mêlant modernité et influences marocaines, signé par des collaborateurs de renom.
Un concert entre soutien populaire et controverse tarifaire
Le retour de Saad Lamjarred est un événement très attendu par ses fans marocains, nombreux à continuer de le soutenir malgré les zones d’ombre entourant sa carrière ces dernières années. En plus de la prestation scénique annoncée comme « immersive et innovante », les organisateurs ont promis des surprises, des animations inédites et une mise en scène digne des grandes tournées internationales. Le choix de Fnaire pour partager la scène et l’invitation faite à Mohamed Atef en première partie montrent aussi une volonté de construire un spectacle intergénérationnel et fédérateur.
Toutefois, l’enthousiasme du public ne peut faire abstraction des démêlés judiciaires qui ont marqué le parcours du chanteur ces dernières années. Depuis 2016, la carrière de Saad Lamjarred est étroitement liée à ses affaires judiciaires, principalement en France. En octobre 2016, alors au sommet de sa popularité, il est arrêté à Paris pour viol aggravé sur une jeune femme française, Laura P. L’affaire fait l’effet d’une bombe dans le monde médiatique marocain, et son incarcération, suivie d’une mise en examen, suspend brutalement son ascension internationale.
Un passé judiciaire lourd en Europe
Placé en détention provisoire, il sera finalement libéré sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire français. En 2018, alors qu’il est toujours sous le coup de cette première procédure, il est de nouveau accusé de viol par une autre femme, cette fois à Saint-Tropez. L’enquête se poursuit, et le chanteur passe quelques jours en détention avant d’être une nouvelle fois remis en liberté sous condition. Cette accumulation d’accusations jette le trouble dans l’opinion publique, entre soutien inconditionnel et profond malaise.
Le 24 février 2023, après plusieurs années de procédures, la justice française le condamne à six ans de prison pour le viol de Laura P. dans une chambre d’hôtel parisienne. Le procès, très médiatisé, fait resurgir le débat sur la séparation entre l’artiste et l’homme, tout en ravivant les polémiques sur la complaisance de certains fans et médias face aux violences sexuelles. La condamnation de Saad Lamjarred en 2023 a été un tournant. Alors que ses avocats annoncent leur intention de faire appel, il est incarcéré quelques semaines avant de bénéficier d’une remise en liberté conditionnelle dans l’attente de la procédure.
Une condamnation confirmée, un retour controversé
Depuis, l’artiste s’est fait discret sur la scène internationale, se concentrant sur le marché marocain et les pays du Golfe, où il conserve un public fidèle. Son retour sur scène au Maroc entre dans le cadre d’une stratégie de réhabilitation progressive, alors que sa carrière en Europe semble durablement compromise. Si certains dénoncent un blanchiment culturel, d’autres estiment que Lamjarred a payé le prix de ses erreurs judiciaires et qu’il a droit à une seconde chance. Le débat reste vif, entre défense de la présomption d’innocence et dénonciation du silence sur les violences faites aux femmes.
Malgré les scandales, Saad Lamjarred n’a jamais complètement quitté la scène musicale. Avec Riskina, il signe un retour marqué par un mélange de sons traditionnels marocains et de rythmes contemporains. Réalisé par Amir Rouani, connu pour avoir dirigé le clip à succès Lm3allem, le nouveau single se veut comme un symbole de renouveau artistique, visant à reconnecter le chanteur avec ses racines tout en renouvelant son image. Écrit par Mohamed Amir et arrangé par Zouhair Hassadi, Riskina marque une tentative de Lamjarred de recentrer l’attention sur sa musique.
Une carrière musicale relancée
Sur YouTube, le clip cumule déjà des millions de vues, preuve que l’engouement autour de sa carrière est loin d’être éteint, malgré les controverses. Aujourd’hui, Saad Lamjarred reste une figure profondément clivante. Pour certains, il incarne le talent marocain à l’international, injustement freiné par des accusations non définitives ou par une justice jugée sévère. Pour d’autres, il représente un exemple problématique d’impunité culturelle, où la célébrité masque la gravité des faits reprochés.