
Face à une vague de désinformation virale, la filière oléicole marocaine a dû monter au créneau pour défendre la réputation de son huile d’olive, accusée à tort de contenir des résidus de pesticides interdits. Les vérifications menées par les autorités sanitaires marocaines et européennes ont formellement démenti ces rumeurs, confirmant la conformité des produits exportés.
Depuis plusieurs semaines, des messages alarmistes ont circulé sur les réseaux sociaux affirmant que des cargaisons d’huile d’olive marocaines auraient été refoulées à la frontière européenne pour cause de contamination aux pesticides, notamment au chlorpyrifos, une substance désormais interdite dans l’Union européenne. Ces rumeurs, rapidement amplifiées par certaines plateformes en ligne, ont semé le doute chez les consommateurs et terni, l’espace d’un instant, l’image d’un produit emblématique du terroir marocain. Pourtant, après vérification auprès des autorités compétentes, il apparaît clairement qu’aucune cargaison n’a été rejetée pour des motifs sanitaires.
Une rumeur sans fondement, démentie par la filière et les autorités
La Fédération Interprofessionnelle Marocaine de l’Olive (Interprolive) a tenu à réagir avec fermeté. Dans un communiqué officiel, elle a qualifié ces allégations de « totalement infondées », rappelant qu’aucune preuve, notification ou rapport officiel émanant d’un pays européen ne mentionne un quelconque renvoi de lots marocains pour contamination.
L’organisation, qui regroupe les principaux acteurs de la filière oléicole nationale, souligne que les exportations sont soumises à des contrôles rigoureux avant leur mise sur le marché, conformément aux exigences des pays importateurs.
Même constat du côté de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (Onssa), chargé du contrôle des denrées alimentaires au Maroc. L’office a confirmé que les huiles d’olive marocaines respectent pleinement les seuils de résidus de pesticides fixés par la législation nationale et internationale. Selon les données rendues publiques, les analyses effectuées sur les lots destinés à l’exportation n’ont révélé aucune non-conformité susceptible de justifier un refoulement.
Un malentendu lié à des questions d’étiquetage
La confusion serait née d’un incident survenu en Belgique en 2024, lorsque les autorités locales ont retiré temporairement de la vente certaines bouteilles d’huile d’olive d’origine marocaine. Cependant, ce retrait n’avait rien à voir avec la qualité sanitaire du produit. Le problème concernait des manquements à l’étiquetage : absence du numéro de lot, de la date de péremption ou de l’identification exacte du producteur.
Ces irrégularités, purement administratives, ont empêché une traçabilité complète du produit, conduisant à un retrait par précaution. L’Onssa a d’ailleurs mené des inspections dans les unités concernées et confirmé que les procédés de fabrication respectaient les normes de sécurité les plus strictes.
Des contrôles renforcés et une filière de plus en plus surveillée
Au-delà de cette polémique, les autorités marocaines rappellent que la surveillance de la qualité des huiles d’olive est un axe prioritaire de la stratégie agricole nationale. Durant la campagne 2024-2025, l’Onssa a conduit 439 inspections dans les unités de production et d’embouteillage. Ces contrôles ont mené au retrait de sept autorisations, à onze suspensions temporaires et à la destruction de plus de quarante tonnes d’huile non conforme.
L’organisme a également transmis 73 dossiers d’infraction à la justice, témoignant de la rigueur croissante du système de contrôle. Les analyses de résidus de pesticides ont connu un bond spectaculaire : 6 635 échantillons ont été testés en 2025, contre 1 536 cinq ans auparavant. Ces chiffres traduisent une montée en puissance des capacités de surveillance et un alignement sur les standards internationaux.
Une filière en pleine mutation
L’huile d’olive marocaine, reconnue pour sa qualité organoleptique et sa richesse nutritionnelle, représente un secteur stratégique. Le pays figure parmi les dix premiers producteurs mondiaux, avec une production annuelle avoisinant 200 000 tonnes, selon les données du ministère de l’Agriculture. Au fil des années, le Maroc a investi massivement dans la modernisation des huileries, la certification des produits et la valorisation des appellations d’origine protégée (AOP).
Ces efforts visent non seulement à renforcer la compétitivité sur les marchés internationaux, mais aussi à garantir une traçabilité totale, de l’oliveraie jusqu’à la bouteille. Les exportations, principalement destinées à l’Europe, à l’Amérique du Nord et au Moyen-Orient, bénéficient d’une réputation de plus en plus solide. Le respect des normes sanitaires et environnementales est désormais au cœur des stratégies de production, notamment avec la réduction drastique de l’usage des produits phytosanitaires.




