Maroc : flambée des prix de l’huile d’olive et explosion des exportations vers l’Union Européenne


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Huile d'olive
Huile d'olive

Le Maroc, pays reconnu pour la qualité de son huile d’olive, fait face à une situation paradoxale cette année : alors que la sécheresse sévère qui touche une grande partie du pays affecte la production, les exportations d’huile d’olive vers l’Union européenne ont, elles, enregistré une hausse impressionnante. En conséquence, les prix de l’huile d’olive ont connu une flambée sur le marché local, dépassant les 100 dirhams le litre.

Selon un rapport de la Commission européenne, les exportations marocaines d’huile d’olive vers l’Union européenne ont bondi, atteignant 841 tonnes entre octobre et novembre 2024, contre seulement 553 tonnes durant la même période en 2023. Cette hausse de près de 52% a été bien accueillie par les marchés européens, mais a paradoxalement provoqué une pression accrue sur le marché local marocain, où les prix ont explosé. Le litre d’huile d’olive a ainsi franchi le seuil symbolique des 100 dirhams, une hausse particulièrement ressentie par les consommateurs marocains.

Demande croissante pour l’huile d’olive marocaine en Europe

Cette situation trouve son origine dans la demande croissante pour l’huile d’olive marocaine en Europe, mais également dans les défis internes auxquels est confrontée la production nationale. Le rapport indique également que les exportations d’olives, elles, se sont stabilisées à 12 000 tonnes entre octobre et novembre 2024, sans grande variation par rapport à l’année précédente. En dépit de la forte demande à l’international, la production d’huile d’olive au Maroc a été gravement affectée par les conditions climatiques de cette année.

Les sécheresses récurrentes, conjuguées à des vagues de chaleur et de froid, ont diminué les rendements des oliviers, ce qui a conduit à une baisse significative de la production nationale. Ainsi, les prévisions pour la saison 2024/2025 annoncent une chute de la production marocaine d’huile d’olive, estimée à 90 000 tonnes, contre 106 000 tonnes l’année précédente. Cette baisse contrastée avec celle de la production dans d’autres pays producteurs d’huile d’olive de la région, comme la Tunisie et la Turquie, qui ont enregistré des hausses significatives de leur production.

Chute des importations en provenance des pays hors Union européenne

La production tunisienne, par exemple, a vu son rendement augmenter de 55% par rapport à l’année précédente, atteignant 340 000 tonnes en 2024/2025, contre 220 000 tonnes en 2023/2024. La Turquie, quant à elle, a connu une augmentation de sa production de 109%, portant sa production d’huile d’olive à 450 000 tonnes cette saison. Ces chiffres démontrent la compétitivité croissante d’autres pays producteurs face à la situation difficile du Maroc.

Parallèlement à cette hausse des exportations marocaines d’huile d’olive, un autre phénomène important mérite attention : la baisse des importations européennes d’huile d’olive. Selon les mêmes données de la Commission européenne, les importations d’huile d’olive en provenance des pays tiers (hors Union européenne) ont chuté de 31,4% entre octobre et novembre 2024, passant de 27 397 tonnes à 18 802 tonnes. Ce déclin est en grande partie dû aux effets conjugués de la sécheresse et de la concurrence accrue entre les différents producteurs de la région méditerranéenne.

Nouvelles pratiques agricoles pour maintenir la rentabilité

Cela dit, l’Europe demeure un marché stratégique pour l’huile d’olive marocaine, et la hausse des exportations vers cette zone confirme la place croissante de l’huile d’olive du Maroc sur la scène internationale. L’Union européenne continue de jouer un rôle prépondérant en tant que premier consommateur d’huile d’olive au monde, et les producteurs marocains semblent bien décidés à renforcer leur présence dans cette zone de consommation.

Face à la crise de l’eau, qui exacerbe les effets de la sécheresse, de nombreux producteurs marocains se tournent désormais vers de nouvelles pratiques agricoles pour maintenir la rentabilité de leurs exploitations. Parmi les choix les plus remarquables figure l’adoption de variétés d’olives étrangères, particulièrement appréciées pour leurs rendements supérieurs et leurs capacités à s’adapter à des systèmes d’irrigation au goutte-à-goutte, qui permettent de rationner l’eau. La variété traditionnelle marocaine semble ainsi perdre du terrain face à ces nouvelles méthodes de culture plus résilientes.

Montée en puissance de l’Espagne comme fournisseur d’huile d’olive

Alors que la production marocaine connaît une baisse, des solutions ont été trouvées pour pallier la pénurie de l’huile d’olive locale. En particulier, les grandes surfaces marocaines importent désormais une quantité importante d’huile d’olive en provenance d’Espagne, leader mondial de la production d’huile d’olive. Cette importation massive d’huile d’olive espagnole est une réponse aux prix élevés de l’huile d’olive marocaine.

Des entreprises marocaines, notamment celles basées à Casablanca, ont reçu des autorisations pour effectuer ces importations afin de satisfaire la demande intérieure. L’Espagne, avec une production annuelle dépassant le million de tonnes, reste le principal fournisseur d’huile d’olive pour de nombreux pays, dont le Maroc. Cette ouverture aux importations espagnoles est donc un moyen pour le Maroc de limiter l’impact des pénuries et de maintenir l’approvisionnement des consommateurs marocains, notamment durant les périodes de forte consommation comme le mois de Ramadan.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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