
Le Maroc traverse une crise sociale sans précédent depuis le début des manifestations menées par le collectif GenZ 212, un mouvement citoyen porté par une jeunesse connectée, informée et déterminée. Après une semaine de mobilisation, marquée par des violences tragiques et des revendications grandissantes, la contestation a pris une tournure politique majeure avec un appel à la démission du gouvernement Akhannouch.
Une mobilisation pacifique après des violences meurtrières
Ce jeudi 2 octobre, pour le sixième jour consécutif, des sit-in ont eu lieu dans plusieurs grandes villes du royaume, dont Rabat, Casablanca, Tanger et Agadir. Encadrés et pacifiques, ces rassemblements se sont déroulés dans le calme, à la suite d’un mot d’ordre strict du collectif appelant à « rejeter toute forme de vandalisme ou d’émeute ». Une atmosphère contrastant fortement avec la veille, marquée par des affrontements violents.
Ces décès ont profondément choqué l’opinion publique et renforcé la détermination des protestataires. À Rabat, la mobilisation a été surveillée par des drones, des unités de sécurité déployées en nombre et même un canon à eau, sans pour autant enregistrer de débordements. Des manifestants ont même applaudi les forces de l’ordre à la fin du rassemblement, saluant leur retenue.
Un ras-le-bol généralisé sur fond de crise sociale
Les revendications portées par GenZ 212 sont claires : une réforme urgente du système de santé et de l’éducation, une meilleure gouvernance et des réponses concrètes à des problèmes qui minent la société marocaine depuis des années. Le mouvement critique également la priorité donnée aux grands projets d’infrastructure, notamment dans le cadre de la co-organisation de la Coupe du monde 2030.
« Nous voulons des hôpitaux, pas seulement des stades », scandaient encore les manifestants à Rabat, reprenant un slogan devenu emblématique. Une critique directe de la politique gouvernementale perçue comme déconnectée des réalités quotidiennes. Le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, a reconnu mercredi que les réformes en cours dans son secteur restaient « insuffisantes ». Mais pour les manifestants, le problème est plus large : il s’agit d’une crise de confiance envers les institutions.
GenZ 212 exige la démission du gouvernement Akhannouch
Dans la nuit de jeudi à vendredi, le collectif a franchi un nouveau cap en appelant officiellement à la dissolution du gouvernement. Dans un communiqué adressé au roi Mohammed VI, il dénonce l’échec à protéger les droits constitutionnels des Marocains et demande l’ouverture d’un processus judiciaire équitable pour poursuivre les responsables de corruption. Cette demande intervient après une déclaration jugée décevante du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui s’est dit prêt à dialoguer mais sans apporter de réponses concrètes.
« C’est un message stérile qui ne sert à rien », a estimé un manifestant à Rabat. « Nous sommes dans un état d’urgence sociale ». Symbole de l’escalade, une attaque violente contre un poste de la Gendarmerie royale à Leqliaa, dans le sud du pays, a choqué l’opinion. Des individus armés de pierres et de couteaux ont tenté de s’introduire dans les locaux, mettant le feu à un véhicule, volant du matériel militaire, et forçant les forces de l’ordre à ouvrir le feu.
Une attaque contre la Gendarmerie à Leqliaa amplifie la crise
Bilan : deux morts (le bilan serait passé à trois morts) et plusieurs blessés. Si les autorités parlent d’un acte isolé, cet événement s’inscrit dans un climat national tendu, où les tensions sociales peuvent désormais dégénérer en affrontements directs. L’attaque de Leqliaa prend une dimension politique forte, comme un signal d’alerte sur l’état du pays. Contrairement aux mouvements précédents, GenZ 212 ne s’appuie sur aucun parti politique ni syndicat.
Son approche se veut technocratique, exigeant des audits, des réformes chiffrées et une redistribution des priorités budgétaires. Il incarne une nouvelle génération qui refuse les compromis et cherche à imposer une transformation profonde du système. Cette contestation s’inscrit dans une crise structurelle : coût de la vie, chômage, inégalités territoriales, inefficacité des politiques publiques… autant de maux que cette jeunesse ne tolère plus.