
La France a réagi avec fermeté et vigilance à la situation politique actuelle à Madagascar, marquée par la prise de pouvoir annoncée par des militaires du CAPSAT (Corps d’Armée des Personnels et des Services Administratifs et Techniques). Dans un contexte de tensions et de manifestations populaires, Paris insiste sur la nécessité d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à une transition démocratique inclusive.
Une prise de pouvoir militaire qui inquiète
Depuis le 14 octobre 2025, Madagascar traverse une nouvelle crise institutionnelle. Le colonel Michael Randrianirina, figure montante au sein de l’armée malgache, a annoncé que les forces du CAPSAT prenaient le contrôle du pays. Ce développement fait suite à plusieurs jours de manifestations massives dans la capitale, Antananarivo, et à une perte de contrôle apparente du pouvoir exécutif.
Face à cette instabilité, les institutions régionales et internationales ont rapidement réagi. L’Union africaine a suspendu Madagascar de ses organes décisionnels, dénonçant un changement anticonstitutionnel de gouvernement. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et la Commission de l’océan Indien (COI) ont, quant à elles, proposé d’initier un processus de médiation pour éviter l’enlisement.
La France appelle à une transition civile et démocratique
Interrogé lors de son point presse hebdomadaire à Paris, le porte-parole du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Pascal Confavreux, a livré la position officielle de la France. « Nous suivons avec la plus grande attention la situation actuelle à Madagascar », a-t-il déclaré. Il a exprimé la compassion de la France envers les victimes et les personnes affectées par les récents événements.
Plus encore, Paris insiste sur la nécessité d’un retour rapide à la légalité constitutionnelle. « La transition est désormais engagée », a confirmé le porte-parole, tout en soulignant que ce processus doit inclure toutes les composantes de la société malgache. « La France appelle à la pleine association des civils au processus en cours », a affirmé Confavreux, insistant sur le respect des aspirations légitimes du peuple malgache, notamment celles exprimées par une jeunesse mobilisée.
Une jeunesse au cœur du mouvement
L’un des faits marquants de cette crise est la mobilisation massive de la jeunesse malgache. Dans les rues d’Antananarivo comme sur les réseaux sociaux, les jeunes se sont exprimés avec force contre la corruption, l’inefficacité du gouvernement et pour une transition démocratique crédible. « La mobilisation de la jeunesse doit être entendue », a souligné le porte-parole du Quai d’Orsay, y voyant le signe d’une prise de conscience politique forte et d’un besoin urgent de changement. Paris appelle à ce que cette énergie soit canalisée dans un processus institutionnel stable et respectueux de l’état de droit.
Un soutien international à la médiation
La France s’est dite disponible pour accompagner les efforts de médiation menés par ses partenaires régionaux. « Nous nous tenons aux côtés de la SADC, de l’Union africaine et de la COI pour parvenir à une solution pacifique conforme aux attentes du peuple malgache », a déclaré Confavreux, réaffirmant le soutien de Paris à toute initiative qui favorise le dialogue et évite une escalade de la violence.
Ce positionnement marque une continuité dans la diplomatie française, souvent active dans les situations de crise politique en Afrique, en particulier dans l’espace francophone. La France met l’accent sur la coopération régionale, tout en respectant la souveraineté des États concernés.
Le départ annoncé du Président Rajoelina
La crise a atteint un nouveau tournant lorsque le Président sortant Andry Rajoelina a annoncé son départ du territoire national, sans qu’une destination précise ne soit confirmée. Interrogé sur une possible assistance française à cette sortie, le porte-parole du Quai d’Orsay a déclaré : « Je ne confirme pas ce point », se bornant à rappeler que « le Président Rajoelina a indiqué ce matin qu’il allait quitter le territoire ».
Ce départ ouvre la voie à une transition, mais les contours de celle-ci restent flous. Qui dirigera cette phase intérimaire ? Quelles garanties seront données à la population et à la communauté internationale ? Les prochaines semaines seront décisives.