Cocaïne, cannabis et frontières : l’Algérie en guerre contre les narcotrafics


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Saisie de drogue par l'armée algérienne
Saisie de drogue par l'armée algérienne

En Algérie, une importante opération antidrogue a permis l’arrestation de cinq trafiquants et la saisie de 46 kg de cocaïne à Laghouat. Ce coup de filet s’inscrit dans une lutte contre le narcotrafic transfrontalier, notamment en provenance du Maroc. Les autorités dénoncent une stratégie marocaine de déstabilisation via le cannabis. Face à ce fléau, l’Algérie mobilise armée, police et services de renseignement sur tout le territoire.

L’Algérie a mis en échec une importante opération de trafic de cocaïne dans la wilaya de Laghouat. Grâce à une enquête rigoureuse, les forces de la police judiciaire ont intercepté un camion transportant près de 46 kg de cocaïne dissimulée dans des compartiments secrets. Cinq membres d’un réseau structuré ont été arrêtés, et des véhicules, utilisés pour la logistique du trafic, saisis. Ce réseau planifiait l’acheminement de la drogue vers les wilayas du nord en empruntant des routes discrètes pour éviter les contrôles sécuritaires.

Cette opération témoigne du professionnalisme des unités d’investigation, qui ont su réagir rapidement. Les suspects ont été déférés devant le tribunal spécialisé de Sidi M’hamed à Alger, où ils devront répondre de trafic de stupéfiants en bande organisée, une accusation particulièrement lourde dans le code pénal algérien.

Des frontières devenues un champ de bataille contre le trafic

L’Algérie lutte contre un trafic de drogue transnational particulièrement actif le long de sa frontière avec le Maroc, longue de plus de 1 500 kilomètres. Cette zone est considérée comme l’un des principaux points de passage du cannabis en Afrique du Nord. Entre octobre et novembre 2024, l’Armée nationale populaire et les services de sécurité ont saisi plusieurs tonnes de kif traité et arrêté près de 70 narcotrafiquants.

Les autorités algériennes observent également une mutation qualitative inquiétante du cannabis saisi, dont la teneur en THC – le principe actif – atteint parfois des niveaux records. Cela serait dû à l’utilisation au Maroc de souches génétiquement modifiées à haut rendement. Ce nouveau type de drogue a été surnommé en Algérie « marocaïne », un terme révélateur à la fois de son origine et de son impact.

Une guerre médiatique et diplomatique avec le Maroc

Parallèlement à cette lutte sur le terrain, l’Algérie mène une offensive politique et médiatique contre le Maroc. En février 2024, un narcotrafiquant marocain arrêté à Béchar aurait impliqué le roi Mohammed VI et les services de renseignement marocains dans la contrebande de stupéfiants vers l’Algérie. Ces propos, relayés par des médias algériens, nourrissent une guerre de communication virulente entre les deux États.

Selon ces accusations, le cannabis marocain serait cultivé dans les montagnes de Ketama puis introduit clandestinement en Algérie via des routes secrètes, parfois même à dos d’animaux. Le pouvoir algérien perçoit ces trafics comme des tentatives de déstabilisation orchestrées par Rabat.

Tensions autour de la légalisation du cannabis médical au Maroc

La légalisation du cannabis à usage médical au Maroc a également ravivé les tensions. L’Algérie y voit une stratégie de camouflage destinée à légaliser indirectement un commerce illicite, dans un contexte économique difficile pour le royaume. Les autorités algériennes affirment que cette initiative vise à calmer les tensions sociales tout en permettant à Rabat de financer ses ambitions politiques, notamment dans le dossier du Sahara Occidental.

Ce débat alimente encore davantage l’antagonisme entre les deux voisins, sur fond de méfiance historique et de divergences géopolitiques majeures.

Un front intérieur actif dans la lutte antidrogue

La guerre contre le narcotrafic ne se limite pas aux frontières. À Boumerdès, six trafiquants ont été arrêtés par la Gendarmerie nationale à Naciria. Cette opération a permis de saisir près de 500 grammes de kif traité, des armes blanches, des téléphones portables et une somme d’argent liquide. Ce démantèlement prouve que les réseaux opérant à l’intérieur du pays sont souvent alimentés par les filières transfrontalières.

Face à ce fléau, l’Algérie mobilise tous ses moyens : police, armée, gendarmerie, douanes, et services de renseignement.

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Je suis passionné de l’actualité autour des pays d’Afrique du Nord ainsi que leurs relations avec des États de l’Union Européenne.
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