
Le président Abdelmadjid Tebboune a élevé plusieurs femmes au grade de général au sein de l’Armée nationale populaire (ANP). Cette décision sans précédent par son ampleur marque une étape décisive dans l’histoire militaire algérienne, où les femmes accèdent désormais massivement aux plus hauts échelons de commandement.
C’est lors de la cérémonie annuelle de sortie des promotions militaires, organisée à l’Académie militaire interarmes de Cherchell, que le président Tebboune, en sa qualité de chef suprême des Forces armées, a annoncé ces promotions exceptionnelles. Cette cérémonie, largement relayée par les médias, illustre la volonté affichée du pouvoir d’élargir significativement la place des femmes dans l’appareil sécuritaire de l’État.
Bien que le ministère de la Défense n’ait pas encore publié la liste exhaustive des nouvelles promues, les images officielles diffusées par la télévision nationale ont révélé plusieurs femmes arborant fièrement leurs nouveaux galons de général, témoignant de l’ampleur de cette vague de nominations.
Un précédent historique, mais un tournant quantitatif
Dès 2009, l’Algérie avait marqué l’histoire en devenant le premier État arabe à promouvoir une femme au grade de général : le docteur Fatima Zohra Ardjoune, médecin militaire et cheffe de l’hôpital central des armées. Cette pionnière fut suivie en 2012 par Fatma Boudouani, première femme général-major du pays.
Cependant, jamais l’Algérie n’avait procédé à la promotion simultanée d’un groupe de femmes à ce niveau de responsabilité. Cette décision traduit une transformation durable de la politique militaire envers les femmes.
Depuis deux décennies, les écoles militaires algériennes accueillent des femmes dans des spécialités diversifiées : santé, télécommunications, aviation, ingénierie. En 2023, la base aérienne de Tafraoui a vu sortir des promotions comprenant des pilotes de chasse et d’hélicoptères féminines, marquant l’ouverture de nouveaux domaines d’excellence.
Néanmoins, comme le soulignent plusieurs experts militaires interrogés par El Watan et Radio Algérie Internationale, la progression des femmes demeurait trop lente dans les grades supérieurs. Les nominations récentes visent précisément à corriger ce déséquilibre persistant.
« Il ne s’agit pas d’un geste de communication« , affirme un ancien officier à la retraite contacté par Afrik.com, « mais d’un rattrapage calculé et assumé par le pouvoir »
Une stratégie politique assumée
En mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le chef d’état-major, le général d’armée Saïd Chanegriha, avait déclaré que le président Tebboune « veille personnellement à soutenir la femme algérienne dans toutes les institutions, y compris l’armée« . Le haut commandement avait alors réaffirmé sa volonté « d’encourager l’accès des femmes à toutes les spécialités et à tous les échelons de commandement« .
Les nominations de cette semaine constituent la traduction concrète de ces engagements politiques. En effet, en Afrique du Nord comme au Moyen-Orient, rares sont les États à compter une femme général en exercice, encore moins plusieurs simultanément.
Aujourd’hui, l’Algérie incarne une forme de modernité arabo-musulmane compatible avec ses valeurs traditionnelles. Ainsi, ce geste présidentiel est salué par plusieurs associations féminines comme une avancée notable.
Repères chronologiques : Les femmes générales en Algérie
- 2009 : Le médecin-colonel Fatima Zohra Ardjoune devient la première femme général dans le monde arabe.
- 2012 : Fatma Boudouani est nommée général-major.
- 2024 : Plusieurs femmes promues simultanément au grade de général – une première historique par son ampleur.