
De la montée des marches de Karim Benzema et Lyna Khoudri à la récompense de Nadia Melliti, en passant par la tenue engagée de Lena Situations, Cannes 2025 a mis en lumière une jeunesse franco-algérienne qui assume son héritage et s’impose dans tous les secteurs. Un message fort pour la France comme pour l’Algérie.
Un tapis rouge qui fait symbole
Leur apparition main dans la main, sur les marches du Palais des Festivals, a créé l’événement : Karim Benzema, Ballon d’Or 2022, et Lyna Koudri, révélation du cinéma francophone, ont officialisé leur relation lors de la montée des marches du film égyptien « Les Aigles de la République« .
Au-delà de l’événement people, cette image résume parfaitement l’ascension d’une génération franco-algérienne qui refuse de choisir entre ses appartenances. Sport, cinéma, influence : cette diaspora écrit désormais ses propres codes de réussite.
Deux parcours d’excellence, une même fierté
Karim Benzema n’a jamais caché ses origines kabyles. De Lyon au Real Madrid, il a porté haut les couleurs de sa double identité, refusant de renier ses racines malgré les polémiques. Aujourd’hui à Al-Ittihad, il reste une figure de proue du football mondial.
Lyna Koudri, née à Alger et formée à Paris, s’impose comme une voix forte du cinéma engagé. Dans « Les Aigles de la République », elle interroge les rapports de force au sein des institutions françaises. Ses rôles questionnent les mémoires coloniales et la place des minorités dans la société française.
Leur rapprochement est une victoire pour la diversité française qui s’affiche sans complexe en haut du tapis rouge cannois.
Une génération qui brille à Cannes
Cette édition 2025 du Festival illustre parfaitement cette émergence. Nadia Melliti, jeune Franco Algérienne a remporté le prix d’interprétation féminine pour son rôle bouleversant dans « La Petite Dernière« , adaptation du roman de Fatima Daas réalisé par Hafsia Herzi. Ce film audacieux explore l’identité, la foi et la sexualité d’une jeune musulmane découvrant son homosexualité. Un tabou brisé avec talent par cette étudiante en sport, qui jouait là son premier role.
Lena Mahfouf, alias Lena Situations, a également marqué les esprits avec sa robe Alaïa aux accents guerriers. La jeune influenceuse franco-algérienne de 26 ans incarne cette nouvelle génération qui s’affirme dans tous les domaines : mode, réseaux sociaux, entrepreneuriat. C’était la 5eme fois qu’elle montait les marches du Festival et elle a démontré qu’elle savait utiliser ses apparitions pour porter des messages.
De Melliti à Lena Situations, en passant par Benzema et Koudry, ils dessinent le visage d’une diaspora décomplexée qui ose tous les sujets et conquiert tous les territoires. Une jeunesse qui brille et qui fait honneur à Mohammed Lakhdar-Hamina, le réalisateur algérien. La présence de cette jeunesse algienne triomphante à Cannes est le plus bel hommage qui pouvait être rendu au père du cinéma de résistance décédé 50 ans jour pour jour après avoir reçu la récompense suprème avec la Palme d’Or en 1975 pour Chroniques des années de braise.
La force douce d’une diaspora assumée
Ces trajectoires disent quelque chose d’essentiel : la diaspora algérienne en France est devenue un puissant moteur d’influence, de création et de rayonnement culturel. Elle irrigue le sport, le cinéma, la littérature, le numérique. Elle est aussi une richesse pour l’Algérie, qui voit dans ses enfants de l’étranger des relais de modernité et de soft power.
Benzema, Koudri, Melliti, Lena Situations : chacun à leur manière, ils tissent des liens entre les deux rives de la Méditerranée. Ils prouvent qu’on peut être pleinement français tout en revendiquant ses racines algériennes.
C’est une génération qui n’accepte plus d’être réduite aux débats sur l’immigration ou l’intégration, qui refuse d’être stigmatisé par Retailleau ou le Rassemblement National. Elle préfère montrer par l’exemple sa contribution à la vitalité française.
Cette visibilité positive arrive à point nommé. À l’heure où les tensions franco-algériennes persistent, ces figures rappellent que les peuples se parlent par-delà les crispations diplomatiques. Ils incarnent cette « force douce » qui unit plus qu’elle ne divise. L’avenir appartient aux passeurs de cultures et non pas à ceux qui veulent revenir au monde du passé.
Une nouvelle génération, une nouvelle France
La France a tout à gagner à célébrer ces trajectoires doubles. Kylian Mbappé qui remporte le Soulier d’Or ce jour en est aussi un exemple, lui qui est l’enfant d’un couple algero-camerounais.
Nier cette richesse ou la stigmatiser, c’est se priver d’un atout majeur dans un monde globalisé. Ces ambassadeurs informels sont précieux : ils portent l’excellence française à l’international tout en représentant aussi le Maghreb et l’Algérie en nourrissant le dialogue interculturel.
Benzema, Koudri, Melliti, Lena Situations ont brillé au Festival de Cannes : quatre noms, quatre domaines, une même leçon. La réussite française se conjugue désormais au pluriel. Et c’est tant mieux.