
Dans un geste élégant et politique, l’influenceuse franco-algérienne Léna Situations a marqué l’histoire du Festival de Cannes. Elle est apparue en arborant une tenue évoquant l’abaya traditionnelle de l’Algérie. Un choix vestimentaire qui, au-delà de l’esthétique, s’impose comme un véritable manifeste identitaire sur le tapis rouge le plus scruté au monde.
Lundi 19 mai 2025, alors que le soleil commençait à décliner sur la Croisette, Léna Mahfouf – connue universellement sous le pseudonyme Léna Situations – est apparue au Festival de Cannes pour la cinquième année consécutive. Mais cette fois, elle a transformé sa montée des marches en déclaration culturelle et politique. Vêtue d’une somptueuse robe ivoire signée The Row, l’influenceuse a capté tous les regards avec une silhouette à la fois contemporaine et profondément ancrée dans ses racines. La tenue, fluide et majestueuse, rappelait par ses volumes généreux et sa coupe épurée l’abaya traditionnelle algérienne, sublimée par un foulard assorti délicatement noué autour de ses boucles et retombant avec grâce sur sa nuque.
En choisissant cette esthétique minimaliste, presque monacale, Léna Situations a délibérément pris le contre-pied des strass et paillettes habituellement de mise sur le tapis rouge cannois. Ce choix audacieux a capturé l’attention des photographes et beaucoup fait parler, transformant son apparition en événement culturel et politique.
Une célébration assumée de la double identité
Née à Paris de parents algériens, la jeune femme de 27 ans n’a jamais dissimulé sa double culture. À travers ses réseaux sociaux et ses vlogs suivis par des millions d’abonnés, elle évoque régulièrement ce qu’elle appelle affectueusement « l’avantage d’avoir deux maisons« . Sa tenue cannoise constitue l’expression de cette dualité culturelle qu’elle revendique avec fierté.
La robe, dans sa simplicité apparente, établit un dialogue visuel subtil avec les vêtements traditionnels du Maghreb, notamment la gandoura et l’haïk, ces tenues ancestrales qui conjuguent élégance, pudeur et fluidité. Comme l’a souligné avec émotion une abonnée sur Instagram, Léna a littéralement « ramené Alger sur le tapis rouge« , incarnant une forme de diplomatie culturelle par le vêtement qui transcende les clichés.
Un vêtement qui révèle les fractures françaises
Dans les minutes suivant la diffusion des premières photographies, les réseaux sociaux se sont enflammés, révélant les lignes de fracture qui traversent la société française. Entre les commentaires admiratifs célébrant cette représentation de la culture algérienne, ou plus simplement la beauté de la robe, et les réactions hostiles questionnant ses intentions et faisant un parallèle avec les récentes déclarations du ministre Bruno Retailleau sur l’Algérie ou le port du voile. Le simple choix vestimentaire de l’influenceuse est devenu un miroir grossissant des tensions hexagonales autour du voile et de l’abaya, cette dernière étant interdite dans les établissements scolaires français depuis 2023.
« Prête pour rentrer au bled« , « Elle s’est convertie ? », « Sublime, quelle fierté ! » – ces réactions polarisées illustrent comment un vêtement peut devenir politique dans un contexte où l’identité culturelle reste un terrain contesté. Loin d’esquiver la controverse, Léna Situations semble l’avoir délibérément provoquée, transformant son passage sur le tapis rouge en espace de dialogue interculturel, ce qui rappelons le d’ailleurs, doit rester sa vocation.
Un défi subtil aux codes restrictifs du Festival
La 78e édition du Festival a introduit des restrictions vestimentaires visant à limiter les tenues jugées « trop volumineuses » ou trop « proche de la nudité ». Léna Mahfouf a respecté techniquement ces nouvelles directives tout en subvertissant leur esprit uniformisant. Son apparition constitue ainsi un pied-de-nez élégant à une institution qui cherche à codifier la représentation de la féminité.
Si la robe évoque l’abaya par sa coupe, elle rappelle également le haïk blanc traditionnel porté par les femmes algériennes lors des occasions formelles, ainsi que le caractère enveloppant et protecteur du burnous. Ces références culturelles sont subtilement intégrées dans une création contemporaine par The Row.
Sans prononcer un seul mot, l’influenceuse aux millions d’abonnés a démontré que l’élégance peut être un acte militan en rendant visible une identité franco-algérienne encore trop rarement célébrée sur la scène internationale et même contestée aujourd’hui par une part de la classe politique française. Une belle victoire pour le rapprochement franco algérien.
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