
Suspendue pour une durée de trois mois, par un arrêté du ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji, signé le 6 décembre 2024, l’association dénommée : « Réseau des défendeurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) », a repris ses activités le 6 octobre 2025, à la suite d’une ordonnance du Tribunal administratif ordonnant la levée des scellés posés le 9 décembre 2024 par le préfet du Wouri.
Pour justifier cette suspension, le ministre de l’Administration territoriale (Minat), relevait, « le défaut d’autorisation, des soupçons de financements illicites et activités de nature à porter atteinte à l’intégrité du système financier national ».
Et trois jours après ce décret du Minat, dont le 9 décembre 2024, les avocats du Redhac avaient déposé un recours administratif, affirmant que le décret constituait un « abus de pouvoir » et qu’il était illégal. Ils avaient déclaré qu’il violait, entre autres, la loi de 1990 sur la liberté d’association et le règlement d’avril 2016 de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) sur le règlement portant prévention et répression du blanchiment de capitaux, du financement du terrorisme et de la prolifération en Afrique centrale. Ce règlement stipule que seuls l’Agence nationale d’investigation financière (Anif) et les autorités financières et judiciaires sont habilitées à engager des poursuites à l’encontre des contrevenants.
« Obstacle sérieux au travail du Redhac »

Selon Me Alice Nkom, Co-président du conseil d’administration du Redhac et avocate au barreau du Cameroun, « cette décision et allégations semblent faire partie d’une campagne de désinformation. Elles contredisent les récents amendements et reformes reconnus par le Groupe d’action financière (Gafi) concernant les organisations à but non lucratif (Obnl)». « Nous rejetons fermement et sans équivoque ces préoccupations infondées concernant l’intégrité financière. Nous sommes convaincus que la démarche des autorités camerounaises est un obstacle sérieux au travail du Redhac », ajoute-t-elle.
« La répression exercée par l’État camerounais a atteint un tournant, contrairement aux engagements pris en vertu des lois et des normes internationales. Des attaques systématiques ont visé des journalistes, des organisations de la société civile et des activistes pro-démocratie. Une telle répression indique que les jours à venir sont sombres, », déclare le professeur Adriano Navunga, président du Réseau des défenseurs des droits de l’homme d’Afrique Australe.
» Le Redhac en sort vainqueur »
« Je ne suis pas un membre du Redhac. Mais la façon dont cette Ong mène ses activités, est à féliciter et à encourager. Alors, l’annonce du ministre de l’administration territoriale portant suspension des activités du Réseau des défendeurs des droits humains en Afrique centrale, j’avais été très sidérée, qu’une si grande organisation de la société civile dans la promotion et la protection des droits humains en Afrique centrale, soit traitée de la sorte », indique l’étudiante Philomène M. « Le verdict que vient de rendre la justice, après plus de 10 mois de suspension d’activités, et dont le Redhac en sort vainqueur, me réjouis à plus d’un titre. Je m’empresserai de citer les activités post-électorales », conclut-elle.
Créée en avril 2007 et dirigé par le Dr. Maximilienne Ngo Mbe, le Redhac (Réseau des défendeurs des droits humains en Afrique centrale), a pour missions : de promouvoir, former et soutenir les défenseurs des droits humains en Afrique centrale. Il travaille à renforcer la solidarité entre eux, à défendre leurs droits, à enquêter sur la situation des DDH (défenseurs des droits humains) et à mener des actions de plaidoyer auprès des États pour garantir le respect des droits humains.