Cameroun : l’ONU alerte sur les restrictions démocratiques avant la présidentielle


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Paul Biya, Roch Marc Kaboré et Macky Sall
Paul Biya, Roch Marc Kaboré et Macky Sall

À quelques semaines de la présidentielle du 12 octobre, l’ONU dénonce un rétrécissement inquiétant de l’espace démocratique au Cameroun. Interdictions de rassemblements, intimidations de l’opposition, pressions contre la société civile et arrestations de militants assombrissent la préparation du scrutin. Le pouvoir de Paul Biya, en place depuis plus de quarante ans, est accusé d’orchestrer une campagne verrouillée et répressive.

Alors que l’élection présidentielle est prévue pour le 12 octobre au Cameroun, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) tire la sonnette d’alarme. L’institution dénonce une réduction inquiétante de l’espace civique au Cameroun, marquée par des interdictions de rassemblements, des intimidations visant l’opposition et des pressions contre la société civile.

Un climat tendu à l’approche du scrutin

Le Cameroun s’apprête à vivre une nouvelle élection sous haute tension. Paul Biya, au pouvoir depuis plus de quatre décennies, brigue un nouveau mandat face à douze autres candidats. Pourtant, selon le Haut-Commissaire Volker Türk, « un environnement sûr et propice à la promotion des droits humains est essentiel pour des élections paisibles, inclusives et crédibles. Il est à déplorer qu’un tel environnement ne semble pas prévaloir au Cameroun ». Ces restrictions nourrissent de fortes inquiétudes quant à la capacité des électeurs à exprimer librement leur choix.

Les autorités camerounaises sont accusées d’entraver les activités des partis politiques concurrents. Plusieurs rassemblements ont été interdits et l’interview télévisée de l’ex-candidat Dieudonné Yebga, diffusée sur la chaîne privée STV, a été brutalement interrompue par les forces de sécurité le 7 août dernier.

En parallèle, certains candidats de l’opposition et leurs partisans dénoncent intimidations et menaces, tandis que des irrégularités dans l’inscription des électeurs sont relevées par l’ONU. Le HCDH insiste : « l’égalité d’accès à la participation aux processus électoraux pour tous les Camerounais est absolument essentielle. »

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Arrestations et pressions judiciaires

La répression ne s’arrête pas aux interdictions. Le 4 août, 53 partisans de l’opposition ont été arrêtés devant le Conseil constitutionnel à Yaoundé alors qu’ils contestaient des décisions du conseil électoral. Accusés de troubles à l’ordre public et de rébellion, ils ont finalement été libérés, mais Volker Türk estime qu’« ils n’auraient tout simplement pas dû être arrêtés » pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Les ONG et associations ne sont pas épargnées. Depuis décembre 2024, trois organisations de la société civile ont été suspendues et deux autres interdites, tandis que des restrictions pèsent sur le financement de certaines structures. Une dynamique inquiétante, selon l’ONU, qui appelle Yaoundé à cesser de « réprimer le travail essentiel des organisations de la société civile et des médias ».

Dans le même temps, le HCDH invite le gouvernement à lutter contre la désinformation, les discours de haine et l’incitation à la violence, facteurs qui risquent d’envenimer la campagne électorale.

L’ONU exhorte le Cameroun à prendre des mesures urgentes pour garantir un scrutin libre, transparent et crédible. À mesure que la date du 12 octobre approche, les regards se tournent vers Yaoundé, où la capacité du pays à organiser une élection réellement démocratique reste fortement remise en question.

Maceo Ouitona
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Maceo Ouitona est journaliste et chargé de communication, passionné des enjeux politiques, économiques et culturels en Afrique. Il propose sur Afrik des analyses pointues et des articles approfondis mêlant rigueur journalistique et expertise digitale
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