Bénin, affaire du parrainage Sodjinou : la Cour constitutionnelle se déclare incompétente, Yayi rencontre Talon


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Le Professeur Dorothé Sossa, président de la nouvelle Cour constitutionnelle du Bénin
Le Professeur Dorothé Sossa, président de la nouvelle Cour constitutionnelle du Bénin

Saisie par le parti Les Démocrates dans l’affaire du retrait de parrainage du député Michel Sodjinou, la Cour constitutionnelle a rendu, jeudi 23 octobre 2025, sa décision très attendue : elle se déclare incompétente pour statuer en l’état sur le recours introduit. Une décision qui relance les débats sur le contentieux électoral à six mois de la Présidentielle de 2026. Dans la foulée, Boni Yayi annonce une rencontre avec Patrice Talon.

Très attendue sur le recours introduit par le parti d’opposition Les Démocrates, la Cour constitutionnelle a soigneusement évité de se prononcer en se déclarant incompétente en l’état. Ainsi, le problème reste entier, et la participation des Démocrates à la Présidentielle toujours hypothéquée.

Un verdict très attendu dans un contexte politique tendu

Après un premier report le lundi 20 octobre, la Cour constitutionnelle béninoise a finalement examiné, jeudi 23 octobre, le recours déposé par Abdel Kamel Ouassagari, secrétaire administratif du parti Les Démocrates, contre l’ordonnance du tribunal de première instance de Cotonou. Celle-ci avait conduit à l’annulation du parrainage du député Michel Sodjinou, élément crucial pour la validation du duo présidentiel du parti dirigé par l’ancien chef de l’État, Thomas Boni Yayi.

Dans sa décision rendue en soirée, aux alentours de 20 heures, la Cour présidée par Dorothé Sossa a annoncé qu’elle se déclarait incompétente en l’état pour connaître de ce recours, tout en décidant de joindre les cinq plaintes introduites sur le même sujet. Cette décision, bien que procédurale, a un impact politique immédiat : elle fragilise davantage la candidature des Démocrates, qui demeurent privés du 28ᵉ parrainage nécessaire pour valider leur duo en vue de la Présidentielle d’avril 2026.

Une Cour prudente face à un dossier politiquement sensible

En se déclarant incompétente en l’état, la Cour constitutionnelle semble avoir choisi la voie de la prudence juridique, évitant de se prononcer sur le fond d’un dossier hautement politique, à la croisée du droit électoral et du fonctionnement interne des partis. Cette position laisse planer un flou sur les suites à donner au contentieux, alors même que la Commission électorale nationale autonome (CENA) a publié le même jour la liste provisoire des duos retenus pour la Présidentielle de 2026, liste dont le duo des Démocrates est absent.

Pour le parti de l’opposition, la décision de la Cour constitue un nouveau revers dans un processus déjà semé d’embûches, depuis le refus du député Michel Sodjinou d’accorder son parrainage et les décisions successives de justice validant son retrait.

Boni Yayi appelle au dialogue avec le Président Patrice Talon

Quelques heures après la décision de la Cour, Thomas Boni Yayi a fait publier un communiqué appelant à un dialogue direct avec le Président Patrice Talon. L’ancien chef de l’État a annoncé une rencontre prévue avec son successeur pour ce vendredi 24 octobre afin d’« examiner ensemble les voies de sortie de la crise actuelle ».

Dans ce texte diffusé sur les réseaux sociaux par Guy Mitokpè, secrétaire national à la communication du parti, Boni Yayi écrit : « C’est dans le dialogue que nous pourrons organiser des élections générales inclusives, transparentes et paisibles ».

Il invite ainsi à la retenue et à la responsabilité nationale, tout en réaffirmant la volonté du parti de préserver la paix sociale et la stabilité des institutions.

Une impasse politique à la veille de la Présidentielle

L’affaire Sodjinou, au-delà de sa dimension juridique, cristallise les tensions politiques autour du mécanisme de parrainage introduit en 2019 dans la législation béninoise.
Ce système, qui exige des soutiens parlementaires ou des élus communaux pour valider une candidature, continue de susciter la controverse, notamment au sein de l’opposition qui le juge verrouillant et discriminatoire.

En l’état actuel, le parti Les Démocrates demeure sans duo validé par la CENA, dans l’attente d’un éventuel recours ultérieur. La décision de la Cour constitutionnelle, loin d’apaiser les débats, renforce l’incertitude politique à six mois du scrutin présidentiel.

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Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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