
La Cour constitutionnelle du Bénin a suspendu, ce lundi 20 octobre, son audience plénière sur le recours relatif à l’annulation du parrainage du député Michel Sodjinou du parti Les Démocrates. Entre bras de fer juridique et tension politique, l’opposition craint une non-participation à la course présidentielle de 2026.
Au Bénin, les militants et responsables du parti d’opposition, Les Démocrates, devront prendre leur mal en patience. Du moins jusqu’au 23 octobre 2025, date de la nouvelle audience de la Cour constitutionnelle.
Une audience suspendue dès son ouverture
Les regards étaient tournés, ce lundi matin, vers le siège de la Cour constitutionnelle à Cotonou. L’audience plénière annoncée comme décisive dans l’affaire du parrainage du député Michel Sodjinou n’aura duré que quelques minutes. À peine ouverte, elle a été suspendue puis reportée au jeudi 23 octobre 2025. Ce report prolonge l’incertitude autour d’un dossier à forts enjeux politiques et institutionnels, alors que la Présidentielle d’avril 2026 approche à grands pas.
Au cœur du litige se trouve l’ordonnance rendue le 13 octobre 2025 par le président du tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Cette ordonnance avait annulé la fiche de parrainage du député Michel Sodjinou, jusque-là détenue par le chef du parti d’opposition, Les Démocrates, l’ancien Président Boni Yayi. Estimant cette décision contraire à la Constitution, le député Abdel Kamar Ouassagari, membre du même parti, a saisi la Cour constitutionnelle pour en demander l’annulation pour inconstitutionnalité. Il souhaite que la haute juridiction rétablisse la validité du parrainage initialement consenti par Michel Sodjinou.
Nourou-Dine Saka Saley saisit la Cour pour suspendre le processus électoral
La tension s’est encore accrue avec un nouveau recours, cette fois introduit par Nourou-Dine Saka Saley, juriste et figure montante du parti Les Démocrates. Dans une requête en procédure d’urgence enregistrée ce 20 octobre 2025, il demande à la Cour constitutionnelle de suspendre purement et simplement le processus électoral en cours jusqu’à nouvel ordre.
Sur son compte TikTok, le juriste a expliqué sa démarche : « Une élection présidentielle qui se tient dans un pays qui se veut démocratique sans la participation du plus grand parti d’opposition, et peut-être le plus grand du pays, n’en est pas une ». Saka Saley invite les sept sages à ordonner la comparution libre du député Sodjinou, afin qu’il puisse clarifier sa position sur le parrainage. Selon lui, le processus électoral devrait être suspendu jusqu’à ce que cette clarification soit obtenue.
Les sept sages face à un dilemme institutionnel
Les deux recours désormais inscrits au rôle mettent la Cour constitutionnelle sous une pression politique considérable. Entre les partisans du camp présidentiel, qui défendent la légalité des décisions rendues, et ceux de l’opposition, qui dénoncent une instrumentalisation de la justice, les sept sages devront trancher sur le fond dès jeudi 23 octobre. Ce verdict sera déterminant : il dira non seulement si Les Démocrates pourront présenter un duo candidat à la Présidentielle, mais aussi si le système de parrainage, introduit en 2019 pour rationaliser le jeu politique, conserve sa légitimité.
Cette situation illustre les tensions récurrentes autour du parrainage, mécanisme désormais incontournable du jeu électoral béninois. En 2021 déjà, plusieurs candidats de l’opposition n’avaient pas pu se présenter, faute de parrainages suffisants. L’affaire Sodjinou pourrait donc raviver les critiques sur l’équité du système et nourrir davantage un débat qui agitait la scène politique béninoise depuis plusieurs années. Affaire à suivre.