
Dans la nuit du 13 au 14 octobre 2025, après des heures de tractations, d’incertitudes et de contretemps, le parti d’opposition Les Démocrates (LD) a officialisé sa candidature à la Présidentielle de 2026. Lors d’un Conseil national tenu en huis clos, débuté aux alentours de 2 heures du matin et achevé peu avant 6 heures, les délégués ont finalement désigné Me Renaud Agbodjo comme candidat à la présidence et Jude Lodjou comme colistier pour le poste de vice-président. Cette nomination survient après un long processus interne de consensus, mais aussi en pleine tempête judiciaire et politique au sein du parti, dont l’unité est mise à rude épreuve.
Le parti Les Démocrates a fini par livrer tôt ce mardi, dernier jour du dépôt des dossiers à la Commission électorale nationale autonome (CENA), son duo candidat à la Présidentielle 2026 au Bénin. Un pas a été certes franchi. Mais le parti n’est pas tiré d’affaire. Sa participation effective aux joutes électorales est plus que jamais compromise.
Un parti fracturé face à l’enjeu du parrainage
Le choix d’un duo ne suffit pas à assurer la validité d’une candidature. Depuis la réforme du Code électoral, un dossier présidentiel doit être appuyé par un minimum de 28 formulaires de parrainage d’élus (députés ou maires), provenant d’au moins 15 des 24 circonscriptions électorales législatives (soit 5/8) pour être recevable.
Le parti Les Démocrates dispose exactement du nombre d’élus nécessaires (28) pour satisfaire ce critère. Cependant, ce fragile équilibre s’est ébranlé dans la journée du 13 octobre : un des députés ayant déjà remis son parrainage a demandé la restitution de son formulaire par huissier une rétractation acceptée par un juge de Cotonou, qui a ordonné la restitution du formulaire et la délivrance d’un nouveau à la CENA si nécessaire. Avec un seul parrain en moins, le parti tombe en dessous du seuil légal, ce qui menace la recevabilité de sa candidature.
Rivalités de leadership et pressions internes
Le processus de désignation n’a pas été une simple formalité. Plusieurs figures du parti étaient en lice, et des tensions ont émergé sur le choix du tandem. Parmi les prétendants figurait Éric Houndété, ancien président et actuel premier vice-président du parti. Le retour en force de l’ancien président de la République, Boni Yayi, renforce l’idée que le processus est aussi un arbitrage des forces internes.
Le parti a mis en place, dès fin septembre, un comité de sélection au niveau national, conformément à l’article 71 de ses statuts, chargé d’examiner les candidatures et de proposer des profils « capables d’obtenir l’adhésion populaire ». Mais la pression du temps, conjuguée à la dissidence interne (notamment autour de la figure controversée Nourou-Dine Saka Saley, opposant déclaré au leadership), a contribué à fragiliser l’unité du parti.
Pis, l’initiative du député Michel Sodjinou de retirer son parrainage illustre la fragilité du climat de confiance interne. Son acte, formalisé par huissier, met en lumière le risque que les divisions internes ne soient portées devant la justice à l’approche de la clôture des candidatures. Désormais, même si Les Démocrates ont fini par sortir leur ticket pour la Présidentielle d’avril 2026, leur participation est plus que jamais incertaine. Pour défaut de parrainage. Un seul parrainage. Une non-participation qui ferait naturellement l’affaire du camp présidentiel dont le duo a déposé son dossier dans une ambiance festive, ce lundi, à la CENA.