Tragédie sur le lac Tumba : un triple naufrage endeuille la RDC


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Naufrage d'un bateau sur une plage
Naufrage d'un bateau sur une plage

Mercredi 11 juin 2025, une tragédie nautique a frappé la province de l’Équateur, au nord-ouest de la République Démocratique du Congo (RDC). Au moins 40 personnes ont péri dans un triple naufrage survenu en fin de journée sur le lac Tumba, à proximité du village d’Ikoko Bongonda. Selon les autorités provinciales, ce bilan est encore provisoire : plusieurs dizaines de personnes restent portées disparues, tandis que les secours poursuivent leurs recherches avec des moyens limités.

Des conditions météorologiques brutales et un manque cruel d’équipement

La République Démocratique du Congo est endeuillée suite à un triple naufrage survenu le mercredi 11 juin 2025. À l’origine du drame, un convoi funéraire parti du centre de santé de Bikoro pour ramener le corps d’une femme décédée dans son village natal. Trois pirogues avaient été affrétées pour l’occasion. Au fil du trajet, d’autres passagers, dont de nombreux enfants rentrant chez eux pour les grandes vacances, ont embarqué, surchargeant les embarcations.

Aux alentours de 16h, de fortes vagues et des bourrasques de vent ont surpris les trois pirogues qui naviguaient sans gilets de sauvetage ni aucun équipement de sécurité. L’absence de liste de passagers rend difficile l’estimation précise du nombre de personnes à bord, que les témoignages situent entre 100 et 200.

Une province marquée par des drames récurrents

Des survivants ont été secourus ou ont réussi à rejoindre des petits îlots sur le lac. Mais les opérations de sauvetage sont ralenties par le manque de matériel adéquat. Un membre des équipes de secours a confié que plusieurs personnes étaient visibles au loin, bloquées sur ces îlots, mais qu’il n’y avait pas assez d’embarcations pour aller les chercher rapidement. Le député Christophe Boulu, représentant de l’Équateur à l’Assemblée nationale, a qualifié cet événement de « tragédie nationale ».

Il a demandé la création urgente d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur les circonstances du drame et pointer les responsabilités. Il a aussi interpellé le gouvernement sur la nécessité d’investir dans la sécurité des transports fluviaux et lacustres. La province de l’Équateur est tristement habituée à ce genre d’accidents. En avril dernier, plus d’une centaine de personnes ont péri en l’espace d’une semaine lors de deux naufrages successifs sur le fleuve Congo.

L’insécurité des transports fluviaux en Afrique

En RDC, les transports fluviaux sont souvent le seul moyen d’atteindre des zones enclavées. Cependant, la majorité des embarcations sont surchargées, vétustes, mal entretenues, et ne respectent pas les normes de sécurité. Chaque naufrage devient un drame humain évitable. L’État est régulièrement critiqué pour son laxisme en matière de réglementation, malgré les nombreuses pertes en vies humaines enregistrées chaque année. Le drame du lac Tumba rappelle d’autres naufrages meurtriers sur le continent africain.

En janvier 2024, un bateau de pêche surchargé a chaviré sur le lac Victoria, en Ouganda, causant la mort d’au moins 34 personnes. Là encore, l’absence de gilets de sauvetage et la surcharge du navire ont été pointées du doigt. Le lac Victoria, qui borde également le Kenya et la Tanzanie, est tristement célèbre pour ses nombreux accidents. En 2018, le naufrage du MV Nyerere avait fait près de 230 morts au large de la Tanzanie. Une enquête avait révélé que le capitaine n’avait pas de formation adéquate et que le navire transportait plus du double de sa capacité autorisée.

Un lourd tribut payé sur le fleuve Niger

En mai 2021, au Nigeria, une embarcation surchargée a coulé dans l’État de Kebbi sur le fleuve Niger. Le bateau transportait plus de 180 passagers, principalement des femmes et des enfants. Le naufrage a causé la mort de plus de 150 personnes. Là encore, l’absence de mesures de sécurité, combinée à des défaillances structurelles, avait été à l’origine de la tragédie. Le fleuve Niger, tout comme le fleuve Congo, est un axe vital pour le commerce et la mobilité.

Pourtant, les infrastructures restent précaires, et les réglementations en matière de navigation sont souvent ignorées. En mars 2022, une embarcation artisanale a chaviré au large des côtes guinéennes, causant la mort de 19 personnes. Ce bateau transportait des commerçants se rendant au marché. Le mauvais état de l’embarcation, conjugué aux mauvaises conditions météorologiques, avait précipité le naufrage. Malgré des alertes météorologiques émises plus tôt dans la journée, les passagers avaient décidé de prendre la mer, faute d’alternative économique.

Cameroun : le souvenir douloureux du lac Nyos

La Guinée, comme beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest, fait face à des dangers similaires en matière de sécurité maritime : vieillissement des navires, manque de réglementation, et absence de suivi des embarcations. Bien que d’un autre ordre, le drame du lac Nyos au Cameroun reste gravé dans les mémoires. En 1986, une éruption limnique avait causé la mort de près de 1 700 personnes, asphyxiées par un nuage de dioxyde de carbone.

Cet événement rappelle à quel point les étendues d’eau en Afrique peuvent être le théâtre de catastrophes aussi soudaines que meurtrières. Aujourd’hui encore, les populations vivant autour des grands lacs africains ne bénéficient pas toujours des systèmes d’alerte ou de prévention adaptés.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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