Sud-Soudan : l’indépendance dans les urnes


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Les Sud-Soudanais ont commencé à voter ce dimanche dans le cadre du référendum d’autodétermination prévu depuis l’accord de paix de 2005. Il a mis fin à un conflit de deux décennies entre le Nord et le Sud qui devrait opter pour l’indépendance.

« C’est le moment historique que les Sud-Soudanais attendaient », a déclaré ce dimanche Salva Kiir, le président de la région semi-autonome du Sud-Soudan, qui a voté à Juba, la capitale, dès l’ouverture des bureaux de vote à 8h00, heure locale (05h00 GMT), dans le cadre du référendum d’autodétermination auquel est soumis la région soudanaise. Le successeur de John Garang a déposé son bulletin dans le bureau de vote à proximité du mausolée du leader historique de la rébellion sudiste disparu en 2005. Son décès, dans un accident d’hélicoptère, est survenu quelques mois après la signature de l’accord de paix historique qui a conduit à la tenue de ce référendum ce dimanche au Sud-Soudan. L’accord signé le 9 janvier 2005 entre le gouvernement de Khartoum et la rébellion sudiste de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) à Nairobi, au Kenya, mettait fin à 21 ans de conflit, le plus long qu’ait connu le continent africain. L’un de ses points clés : l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui permettrait au Sud-Soudan de choisir son indépendance six ans plus tard jour pour jour. Le Sud-Soudan a une semaine pour se prononcer sur sa future indépendance. « Aujourd’hui, déclarait ce samedi Salva Kiir, il n’y a pas de retour à la guerre. Le référendum n’est pas  la fin du parcours, mais le début d’un nouveau. Il n’y a pas d’alternative à la coexistence pacifique » entre le Nord et le Sud.

Le doute a pourtant longtemps pesé sur la tenue de ce référendum. « Il faudra un miracle pour organiser le référendum en temps et en heure en raison des difficultés et du calendrier serré », affirmait en octobre dernier le président de la commission électorale, Mohamed Ibrahim Khalil. Les autorités sud-soudanaises avaient menacé d’organiser le scrutin elles-mêmes en cas de défaillance de Kharthoum. La démarcation des frontières, le partage des revenus du pétrole et les eaux du Nil sont des questions cruciales pour le Nord qui avaient invité à leur règlement avant l’organisation du référendum. Autrement, avait avertit le président soudanais Omar el-Béchir, une « guerre plus sérieuse » risquait d’éclater.

Au-delà de l’indépendance, le partage des richesses

Le raïs soudanais, qui n’est pas prêt à renoncer aux ressources pétrolifères du Sud, a néanmoins promis le 4 janvier dernier, lors d’une visite à Juba, qu’il respecterait le résultat des urnes même s’il devait conduire à la sécession. Ce qui n’empêche pas Khartoum d’exprimer ses craintes quant à une telle issue qui paraît, néanmoins, selon les experts inévitable. « Nous sommes totalement engagés à l’égard du référendum, nous sommes totalement engagés à l’égard de son résultat, mais cela ne m’empêche pas de  dire que c’est très dommage, cela va ouvrir une boîte de Pandore pour l’Afrique », a cependant déclaré ce vendredi Dafa-Alla Elhag Ali Osman, l’ambassadeur des Nations unies au Soudan. Un avis que partage le président libyen Muammar Kadhafi. Il a estimé le 9 octobre dernier que la victoire du oui au référendum serait comparable à « maladie contagieuse qui risque de se propager aux autres pays d’Afrique ».

Des violences ont émaillé la veille du scrutin, notamment dans la région frontalière d’Abyei, en le Nord et le Sud. Un référendum, dont les conditions d’organisation n’ont pas encore été déterminées, devait à l’origine se dérouler simultanément dans cette région pétrolifère pour décider de son rattachement au Sud-Soudan en cas d’indépendance.
Au moins 60% des quatre millions d’électeurs environ doit voter pour que le résultat du référendum soit valide. La sécession du Sud-Soudan, dans le pays le plus grand pays d’Afrique, remettrait en cause les frontières établies par le colonisateur. et donnerait naissance au 193e Etat du monde à la fin de la période de transition de six ans qui s’achève en juillet prochain. Pour l’heure, la participation est « forte » ce dimanche et se déroule dans le calme, selon les autorités soudanaises.

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