Succès Masra met fin à sa grève de la faim : que s’est-il passé ?


Lecture 3 min.
L'opposant tchadien Succès Masra
Succès Masra, opposant tchadien

Après une semaine de jeûne absolu, sans eau ni traitement médical, l’opposant tchadien Succès Masra a décidé de suspendre sa grève de la faim. Cette décision intervient alors que sa détention, entamée le 16 mai dernier, continue de susciter des vagues d’indignation à N’Djamena et au-delà. Physiquement affaibli mais toujours combatif selon ses avocats, l’ancien Premier ministre espère désormais se préparer à affronter une procédure judiciaire qu’il juge profondément injuste.

Retour sur les raisons qui l’ont conduit à stopper cette action symbolique.

Une décision guidée par l’urgence médicale

Durant sept jours, Succès Masra s’est imposé un jeûne absolu pour dénoncer ce qu’il considère comme une arrestation arbitraire. Cette démarche radicale a toutefois suscité l’inquiétude de son médecin personnel, qui, après avoir pu accéder à lui, a alerté sur la gravité de son état de santé. La reprise d’un traitement vital nécessitant une alimentation minimale a été l’élément décisif : l’opposant a recommencé à s’hydrater et à consommer des liquides dès le lundi soir. Ses proches se veulent rassurants sur son état physique.

Une mobilisation populaire sans précédent

Si la raison médicale a pesé, la pression émotionnelle et populaire a également joué un rôle clé. Samedi 28 juin, sa mère lui rend visite en prison et le supplie de mettre fin à sa grève. Elle lui annonce qu’elle s’y joindrait si lui-même persistait. Quelques jours auparavant, des militantes du parti Les Transformateurs avaient déjà marqué les esprits en manifestant presque nues dans les rues de N’Djamena pour réclamer sa libération. Une action à la symbolique forte, notamment dans le contexte socioculturel du sud du pays.

Un soutien international qui s’élargit

La mobilisation ne s’est pas limitée au Tchad. En France, le chanteur et militant Kaar Kaas Sonn a lui aussi observé une grève de la faim à Laval, en soutien à Masra. En mettant fin à son jeûne en même temps que l’opposant, il a affirmé avoir atteint son objectif : attirer l’attention médiatique sur ce qu’il dénonce comme « une dérive autoritaire » du régime tchadien. Selon lui, les poursuites contre Masra relèvent davantage du procès politique que de la justice équitable.

Succès Masra est poursuivi pour des accusations graves, dont l’incitation à la haine, la complicité d’assassinat et la profanation de sépultures, à la suite du massacre de Mandakao. Ses partisans dénoncent une manœuvre pour l’écarter de la scène politique, notamment en raison de son enracinement dans le sud du pays, longtemps marginalisé par les élites du nord au pouvoir. Alors que son procès s’annonce, la société civile tchadienne et plusieurs observateurs internationaux réclament des garanties de transparence et de justice.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News