Tchad : émotion et interrogations après la mort tragique d’un haut fonctionnaire de l’État


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Le Tchad est sous le choc après la découverte du corps sans vie et partiellement brûlé de Fulbert Mouanodji, haut fonctionnaire de l’État et ancien directeur de cabinet du gouverneur de l’Ennedi Est. Le drame s’est produit à Abéché, dans l’est du pays, le samedi 2 août, au lendemain d’un message d’alerte posté par la victime sur Facebook.

Tandis que la justice privilégie la thèse du suicide, la famille et l’opinion publique réclament une enquête approfondie.

Un message d’alerte ignoré

La veille de sa mort, Fulbert Mouanodji avait écrit sur sa page Facebook : « Je suis en danger les amis ». Une phrase glaçante, devenue virale après la découverte de son cadavre le lendemain, étendu sur le sol, brûlé, dans une rue d’Abéché. Ce message, resté sans réponse de la part des autorités, alimente aujourd’hui colère et frustration chez ses proches.

Son entourage affirme qu’il vivait dans la peur depuis plusieurs jours et qu’il avait quitté la ville d’Amdjarass pour se réfugier à Ndjamena, avant de prendre un bus en direction d’Abéché. Sa famille refuse la version officielle d’un suicide par immolation.

La justice évoque un suicide, la famille conteste

Lors d’un point de presse à Abéché, le procureur général a déclaré que Fulbert Mouanodji aurait acheté deux bouteilles d’essence pour s’immoler. Mais cette explication est loin de convaincre. Sa sœur, Felicité Mouandandgodi, exprime son indignation : « S’il avait voulu se suicider, il l’aurait fait à Ndjamena, près des siens ».

Le mystère s’épaissit alors que les autorités ont procédé à une inhumation rapide, sans autopsie ni concertation avec les proches. Ces derniers demandent que le corps soit rapatrié à Ndjamena pour des obsèques dignes et la conduite d’une enquête indépendante.

Une onde de choc dans la population

Depuis l’annonce de son décès, les hommages et les interrogations se multiplient sur les réseaux sociaux. Des amis, des collègues et de simples citoyens expriment leur peine et leur incompréhension face à une mort jugée suspecte. Tous s’accordent à dire que Fulbert Mouanodji était un homme calme, discret et sans histoires.

Des témoignages bouleversants font surface. Certains affirment avoir tenté de le joindre après son message d’alerte, en vain. D’autres relatent ses confidences sur l’insécurité et la tension palpable dans son entourage professionnel.

Un climat d’insécurité pour les fonctionnaires ?

Ce drame soulève des questions plus larges sur la sécurité des hauts fonctionnaires de l’administration tchadienne, particulièrement dans les régions sensibles. Certains observateurs évoquent une « ambiance délétère » et des menaces récurrentes dans les zones frontalières ou instables. Si la thèse d’un assassinat venait à se confirmer, elle mettrait en lumière de graves défaillances de l’État dans la protection de ses agents.

Face à l’indignation nationale, les autorités ont promis l’ouverture d’une enquête. Mais pour la famille et de nombreux Tchadiens, seule une commission indépendante, avec la possibilité d’autopsier le corps et de recueillir des témoignages librement, pourrait révéler la vérité sur cette affaire.

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