
Moins de deux ans après l’inauguration de son usine de Tafraoui, Stellantis franchit une étape historique en Algérie avec le lancement de la première production CKD (Complete Knock Down) du pays. La Fiat Grande Panda, désormais assemblée localement selon ce procédé d’assemblage complet à partir de pièces détachées, avec ferrage et peinture réalisés sur site, illustre l’ambition du constructeur de faire de l’Algérie un hub industriel pour l’Afrique. Cette montée en puissance s’inscrit dans une stratégie continentale visant 1 million de véhicules produits dans la région d’ici 2030.
L’usine de Tafraoui (Oran) affiche des performances en forte progression. Après 18 000 véhicules produits en 2024, le site vise 60 000 unités en 2025 et 90 000 en 2026. La cadence atteint désormais 17 véhicules par heure grâce à l’introduction d’un quatrième quart de travail sur cette installation de 80 hectares.
L’achèvement des installations de ferrage et de peinture permet désormais à Stellantis de revendiquer une véritable production locale, marquant une première pour l’industrie automobile algérienne. Cette évolution technique s’accompagne d’une montée en emploi, de 1 650 postes actuellement à 2 000 emplois prévus en 2026.
Stratégie d’intégration locale accélérée
Stellantis développe ce que ses dirigeants appellent une « localisation profonde ». Le taux d’intégration locale, actuellement de 20%, doit atteindre 30% d’ici 2026, soit deux ans d’avance sur le calendrier réglementaire algérien.
L’investissement total du groupe dépasse 200 millions d’euros, incluant le développement de partenaires comme FERRUZ, IRIS TYRES, IDE-NET et SAREL INDUSTRIES. Dans ce sillage, le groupe a étendu son partenariat avec l’italien Sigit — en synergie avec l’ENPC/Siplast — pour produire des pièces plastiques en Algérie au bénéfice du site FIAT d’Oran. Cette approche vise à créer un écosystème industriel autosuffisant, « produisant dans la région pour la région » selon la philosophie de Stellantis.
Au-delà de la production automobile, Stellantis étend sa stratégie aux services de mobilité. Le partenariat signé avec IDENET, entreprise algérienne spécialisée dans les systèmes GPS et taximètres, vise à moderniser le transport urbain. Cette collaboration illustre la volonté du groupe de s’ancrer dans l’ensemble de l’écosystème de mobilité algérien.
L’Algérie, tremplin vers l’Afrique
Cette montée en puissance algérienne s’inscrit dans une vision continentale ambitieuse. Stellantis considère la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) comme un levier majeur pour développer les exportations intra-africaines depuis l’Algérie.
La stratégie du groupe cible 1 million de véhicules produits d’ici 2030 dans la région Afrique/Moyen-Orient et l’achat de plus de 6 milliards d’euros de pièces automobiles localement, avec un objectif de plus de 80% de taux d’intégration dans les pays matures.
Samir Cherfan, Chief Operating Officer Stellantis Middle East & Africa, confirme cette approche en soulignant l’engagement du groupe envers le développement industriel africain à travers des partenariats stratégiques et des investissements locaux qui répondent aux besoins réels des citoyens du continent.
Cette progression a été récemment couronnée par l’attribution de l’Africa Automotive Show Award à Raoui Beji, Directeur Général de Stellantis Algérie, distinction qui reconnaît le parcours industriel remarquable du site de Tafraoui.
De même, Olivier François, CEO FIAT, souligne que la Grande Panda produite à Oran grâce au savoir-faire local algérien représente le nouveau chapitre de l’aventure FIAT sur le continent africain.
Les chiffres d’une success story
La progression industrielle de Tafraoui impressionne par son rythme soutenu. Après avoir produit 18 000 véhicules en 2024, l’usine vise 60 000 unités en 2025, soit une croissance de 233%, avant d’atteindre 90 000 véhicules en 2026. Cette montée en cadence s’appuie sur une organisation optimisée permettant d’atteindre 17 véhicules par heure, performance rendue possible par l’introduction d’un quatrième quart de travail.
Cette réussite algérienne répond à plusieurs défis stratégiques. La souveraineté industrielle se renforce avec la réduction de la dépendance aux importations et la création d’emplois qualifiés. L’effet cluster se concrétise par la consolidation d’un socle de sous-traitance nationale compétitive.
Enfin, la projection continentale prend forme avec un positionnement de l’Algérie comme plateforme d’exportation vers les marchés africains, tirant parti des avantages logistiques et des accords commerciaux continentaux.
Stellantis consolide ainsi son pari algérien, transformant l’usine de Tafraoui en vitrine de sa stratégie africaine et en symbole d’une industrialisation automobile réussie au Maghreb. Une histoire d’amour industrielle qui se écrit dans la durée, avec l’ambition de faire rayonner le savoir-faire algérien sur l’ensemble du continent africain.