
Entre billets à des tarifs prohibitifs pour les affiches Brésil-Maroc et Argentine-Algérie, et aberrations logistiques imposant aux Fennecs un marathon continental épuisant, la première Coupe du monde à 48 équipes suscite déjà de vives inquiétudes. Les supporters maghrébins, réputés pour leur ferveur et leur capacité à se déplacer en nombre, seront-ils les grands perdants de ce gigantisme assumé par la FIFA ?
La FIFA a dévoilé les tarifs de sa billetterie pour le Mondial nord-américain, et le constat est sans appel : assister à certaines rencontres relèvera du privilège réservé aux plus fortunés. Les affiches impliquant les sélections maghrébines illustrent parfaitement cette dérive inflationniste qui menace l’esprit populaire du football.
Des tarifs qui défient l’entendement
Pour le choc très attendu entre le Brésil et le Maroc, programmé au MetLife Stadium de New York, les places oscillent entre 165 et 305 dollars en catégorie standard, tandis que les emplacements premium atteignent des sommets vertigineux à plus de 7000 dollars. Et même dépassant les 25 000 dollars, car le système de billeterie américain est basé sur l’offre et la demande. Une somme considérable à laquelle il faut ajouter le billet d’avion transatlantique, l’hébergement dans une métropole parmi les plus chères au monde, et les frais quotidiens.
Le duel entre l’Argentine, championne du monde en titre, et l’Algérie présente une facture tout aussi salée. Les supporters algériens, réputés pour leur ferveur et leur capacité à se déplacer en masse, devront débourser plusieurs milliers d’euros pour accompagner les Fennecs. Une dépense que peu de familles peuvent se permettre, dans un contexte économique tendu des deux côtés de la Méditerranée.
L’Algérie face au marathon continental
Au-delà de la question financière, c’est l’organisation même du tournoi qui pose question. Le tirage au sort a placé l’Algérie dans une configuration particulièrement défavorable sur le plan logistique. Les Verts devront sillonner le continent américain, enchaînant des déplacements de plusieurs milliers de kilomètres entre leurs différents matchs de poule.
Cette dispersion géographique constitue un handicap sportif évident. Quand certaines sélections bénéficieront d’une relative proximité entre leurs sites de compétition, d’autres accumuleront fatigue et décalages, multipliant les vols intérieurs dans des fuseaux horaires différents. Les staffs médicaux et les préparateurs physiques devront redoubler d’ingéniosité pour maintenir leurs joueurs dans des conditions optimales.
Mais pour les supporters c’est aussi un surcoût considérable. Les Fennecs affrontent d’abord l’Argentine à Kansa City le 17 juin, puis ils se rendent ensuite en Californie, à 2500 km pour le match contre la Jordanie le 23 juin avant d’affronter l’Autriche le 28 juin, en revenant à Kansas City.
Un format qui sacrifie l’équité au gigantisme
Cette première édition à 48 équipes, répartie entre les États-Unis, le Canada et le Mexique, pose la question de la cohérence d’un tel format. La volonté de la FIFA d’élargir la compétition et de conquérir de nouveaux marchés se heurte aux réalités géographiques d’un territoire immense.
Cette tendance à l’embourgeoisement du football de sélections n’est pas nouvelle, mais elle atteint ici un paroxysme inquiétant. Les tribunes des grands matchs risquent de se remplir de spectateurs fortunés, au détriment des supporters authentiques qui font l’âme de ce sport.
Les fédérations concernées tentent de négocier des quotas de places à prix réduit pour leurs ressortissants, mais ces efforts paraissent dérisoires face à l’ampleur du phénomène. La FIFA, de son côté, met en avant les retombées économiques considérables générées par l’événement, sans sembler s’émouvoir de cette exclusion progressive des classes populaires.
Le Mondial 2026 s’annonce comme une compétition spectaculaire sur le plan sportif, avec l’entrée en lice de nouvelles nations et des affiches inédites. Reste à savoir si cette fête du football sera véritablement mondiale, ou si elle ne concernera qu’une élite capable d’en payer le prix.




