
Lancée jeudi, une offensive aérienne marquée par des frappes des Forces armées soudanaises (SAF) a visé des positions des Forces de soutien rapide (FSR) dans les États du Darfour Central et du Kordofan du Nord, selon plusieurs médias soudanais. Cette phase d’intensification intervient dans un conflit qui ravage le pays depuis plus de deux ans.
L’armée soudanaise mène une offensive contre les Forces de Soutien rapide. Les appareils de chasse de l’armée soudanaise ont été déployés afin de frapper des sites attribués aux FSR dans les deux régions. Selon le média sud-soudanais Al-Mashad Al-Sudani, cette opération aérienne fait partie d’une stratégie plus large visant à démanteler la structure de combat de la milice et à reprendre les zones que celle-ci a récemment conquises.
Montée des moyens employés par les FSR
La SAF, de son côté, affirme qu’elle intensifie également ses opérations terrestres en parallèle des frappes aériennes : l’objectif déclaré est de délester les FSR des secteurs qu’elles contrôlent. Mercredi, le Président du Conseil souverain de transition, Abdel Fattah al‑Burhan, a réitéré l’engagement de l’armée à « éliminer les FSR et venger le sang des civils » tués à El‑Fasher et dans d’autres villes. Parallèlement, la milice FSR affirme avoir lancé des frappes de drones depuis ce qu’elle présente comme « une base étrangère » contre la capitale de l’État du Darfour Central, Zalingei, et contre la ville de Kabkabiya, dans le Darfour du Nord. Cette annonce témoigne d’une montée des moyens employés par les FSR.
Le 26 octobre, les FSR sont parvenues à s’emparer d’El-Fasher, capitale du Darfour du Nord et ville stratégique de la région, où elles ont été accusées d’avoir commis des massacres de civils. Cette prise de contrôle a ravivé les craintes d’une partition territoriale durable du Soudan. Quelques jours plus tôt, fin octobre, les FSR revendiquaient aussi la prise de la ville de Bara, dans le Kordofan du Nord, provoquant le déplacement de plus de 4 500 habitants fuyant les exactions. Bara est située près d’El‑Obeid, capitale régionale toujours sous contrôle de l’armée mais de plus en plus encerclée par les FSR.
Des milliers de morts, des millions de déplacés
Sur l’ensemble des 18 États que compte le Soudan, les FSR détenaient récemment la mainmise sur les cinq États du Darfour occidental, tandis que l’armée conserve le contrôle d’une majorité des 13 autres États, au Sud, au Nord, à l’Est et au centre, y compris la capitale, Khartoum. Depuis le 15 avril 2023, la SAF et les FSR s’affrontent dans une guerre qui, malgré les efforts de médiation régionaux et internationaux, n’a pas trouvé de résolution. Le bilan est déjà lourd : des milliers de morts, des millions de déplacés, et un pays plongé dans une crise humanitaire d’envergure.
Les analystes soulignent que la reprise des frappes aériennes est à la fois un signe de montée en puissance de l’armée et un risque accru pour les populations civiles. En effet, des rapports d’organisations de défense des droits humains dénoncent des frappes « imprécises » et perpétrées dans des zones densément peuplées. Par exemple, dans l’État du Darfour du Sud, des attaques aériennes ont visé des quartiers résidentiels de la ville de Nyala, faisant de nombreuses victimes civiles.
Capacité des FSR à mener des contre-attaques
En toile de fond, la guerre se joue aussi sur les lignes d’approvisionnement et la logistique : les FSR cherchent à maintenir leurs accès depuis le Darfour vers le nord et le centre du pays, tandis que l’armée tente de couper ces liaisons et de reprendre l’initiative. L’enjeu pour l’armée est double : récupérer les territoires perdus et restaurer son image aux yeux de la population après de lourdes critiques pour son incapacité à protéger les civils jusque-là. Pour les FSR, cette offensive aérienne de la SAF pourrait signaler un tournant dans le conflit, où elles pourraient subir des revers importants.
Toutefois, leur emploi de drones et leur capacité à mener des contre-attaques montrent qu’elles disposent encore d’un niveau de résistance élevé. Sur le plan humanitaire, la situation reste extrêmement préoccupante. Les bombardements, les combats et le déplacement de masse ont laissé des millions de personnes démunies. L’escalade de la violence dans les zones du Darfour et du Kordofan risque d’aggraver la catastrophe.



