
La Guinée a franchi une nouvelle étape dans sa transition politique avec la remise du projet de Constitution au président de transition, Mamadi Doumbouya. Cette initiative suit la clôture du recensement biométrique de la population, censé permettre la création du fichier électoral en vue du référendum constitutionnel prévu en septembre. Si l’enrôlement s’est globalement déroulé sans incident sur le territoire national, des problèmes notables ont été signalés à l’étranger, notamment à Abidjan, où l’opposant Cellou Dalein Diallo affirme avoir été empêché de s’enregistrer.
Le 26 juin 2025, la Guinée a franchi une étape importante dans son processus de transition politique avec la remise du projet de nouvelle Constitution au Président de transition, Mamadi Doumbouya. Cette avancée intervient juste après la fin du recensement biométrique de la population, clos le 25 juin, censé permettre l’élaboration du fichier électoral en vue d’un référendum constitutionnel prévu en septembre.
Mais si l’opération semble s’être déroulée dans des conditions globalement maîtrisées à l’intérieur du pays, elle a rencontré des dysfonctionnements significatifs à l’étranger. À Abidjan, en Côte d’Ivoire, l’opposant guinéen en exil, Cellou Dalein Diallo, affirme avoir été empêché de participer à l’enrôlement biométrique, une étape pourtant importante pour sa participation aux prochaines échéances électorales.
Un refus d’enrôlement jugé arbitraire et politique
L’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (Anad), une coalition de partis d’opposition dont fait partie l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dirigée par Dalein Diallo, dénonce ce qu’elle qualifie « d’empêchement délibéré et illégal » visant à exclure leur leader du processus électoral. Pour eux, cette manœuvre vise à neutraliser le seul candidat capable, selon leurs dires, de gagner la Présidentielle dès le premier tour.
Selon l’UFDG, Cellou Dalein Diallo a été refoulé du centre d’enrôlement de Treichville à Abidjan au motif qu’il ne résiderait pas dans la commune. Pire encore, une représentante de l’ambassade guinéenne aurait, sur instruction de Conakry, fermé le centre après avoir refusé de l’enrôler, allant jusqu’à déconnecter les kits biométriques. Peu après, l’ambassadeur de Guinée en Côte d’Ivoire, Alseny Moba Sylla, aurait contacté Diallo pour lui indiquer que des « dispositions particulières » seraient prises pour les anciens Premiers ministres résidant temporairement à l’étranger, sans donner plus de précisions.
Un long parcours politique entaché de tensions et de confrontations
Cellou Dalein Diallo, figure centrale de la vie politique guinéenne depuis deux décennies, a occupé plusieurs postes ministériels dans les années 1990 et 2000, notamment sous le régime du général Lansana Conté. En 2004, il est nommé Premier ministre, poste qu’il occupera jusqu’en 2006. Très tôt, il se positionne comme un réformateur pro-marché, tentant de moderniser l’économie guinéenne, ce qui lui vaut autant d’alliés que d’opposants. Son limogeage en 2006, dans un contexte de tensions internes au sein du gouvernement, marque le début de sa carrière dans l’opposition.
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Il fonde l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), qui devient rapidement l’un des partis les plus influents du pays. Sa première candidature à la Présidentielle date de 2010, scrutin qu’il perd face à Alpha Condé. Ce dernier devient alors son principal adversaire politique. Diallo accuse régulièrement Condé d’avoir truqué les élections, notamment celles de 2015 et de 2020, où les résultats officiels le placent à la deuxième position.
Des relations conflictuelles avec Alpha Condé et Mamadi Doumbouya
La relation entre Cellou Diallo et l’ex-Président Alpha Condé est marquée par une forte rivalité politique. Les tensions atteignent leur paroxysme après la réforme constitutionnelle controversée de 2020 qui permet à Condé de briguer un troisième mandat. Cellou Diallo conteste vigoureusement cette décision, organise des manifestations et rejette les résultats de l’élection présidentielle de 2020, qu’il considère comme une fraude massive. Plusieurs de ses partisans sont arrêtés ou tués lors des répressions.
En septembre 2021, le coup d’État militaire mené par le colonel Mamadi Doumbouya met fin au régime de Condé. Si Dalein Diallo accueille favorablement ce renversement au départ, espérant un retour rapide à l’ordre constitutionnel, ses relations avec la junte se dégradent rapidement. Le climat politique devient tendu lorsque le CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement) commence à retarder les échéances électorales et à marginaliser les partis traditionnels.
Gestion autoritaire de la transition par le régime Doumbouya ?
En 2022, Cellou Diallo est visé par une série d’enquêtes judiciaires concernant des faits de gestion durant son passage à la tête de la compagnie Air Guinée. Craignant une instrumentalisation politique de la justice, il choisit de s’exiler. Depuis l’étranger, il continue d’exercer une influence significative, dénonçant régulièrement la gestion autoritaire de la transition par le régime Doumbouya. L’épisode d’Abidjan s’inscrit dans une suite d’actes qu’il perçoit comme une volonté de l’écarter définitivement du jeu politique.