Guinée : vers des élections en 2025 sur fond de tensions et d’appels à la candidature de Doumbouya


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Mamady Doumbouya, président de la Transition de Guinée
Mamady Doumbouya, président de la Transition en Guinée

Le Premier ministre guinéen a annoncé un référendum constitutionnel en septembre 2025, suivi des législatives et de la présidentielle en décembre. Cette transition vers l’ordre constitutionnel s’accompagne d’une vaste campagne d’enrôlement. Toutefois, la suspension de 28 partis, dont le RPG et l’UFR, suscite des critiques. Beaucoup y voient une manœuvre pour affaiblir l’opposition avant les élections.

Amadou Bah Oury, Premier ministre guinéen, a confirmé depuis Abidjan la tenue d’un référendum constitutionnel en septembre 2025, suivi des élections législatives et présidentielle en décembre de la même année. Cette annonce marque une étape importante vers le retour à l’ordre constitutionnel après le coup d’État de 2021.

La Guinée est actuellement engagée dans une vaste campagne d’enrôlement pour établir un fichier d’état civil et électoral fiable. Cette démarche, selon le Premier ministre, est essentielle pour asseoir une gouvernance moderne, transparente et durable. Malgré les engagements affichés, la transition est marquée par des décisions controversées. En mars dernier, le gouvernement a suspendu temporairement 28 partis politiques pour des motifs administratifs. Parmi eux figurent des poids lourds comme le RPG d’Alpha Condé et l’UFR de Sidya Touré.

Un climat politique sous tension

Officiellement, il s’agit d’assainir l’espace politique. Mais pour de nombreux observateurs, cette vague de suspensions vise à affaiblir l’opposition à l’approche des élections, en favorisant un jeu électoral plus favorable au pouvoir en place. Des partis historiques, piliers de la vie politique guinéenne depuis le retour du multipartisme, sont ainsi temporairement mis à l’écart. Cette décision relance les inquiétudes quant à la transparence du processus électoral. Seule l’UFDG de Cellou Dalein Diallo échappe à cette suspension, sous condition d’organiser rapidement un congrès.

Certains y voient une manœuvre visant à reconfigurer le paysage politique avant les élections de décembre, en isolant les acteurs perçus comme menaçants pour l’actuelle junte au pouvoir. Sur le terrain, les appels à une candidature du général Mamadi Doumbouya à la présidentielle se multiplient. À Kankan, des milliers de personnes ont manifesté leur soutien, avec la participation de plusieurs ministres. Le discours du porte-parole de la présidence, qui présente Doumbouya comme « la seule alternative », alimente les spéculations.

Doumbouya, candidat non déclaré mais massivement soutenu

Le paradoxe est que la charte de transition interdit clairement aux membres de la junte de se présenter aux élections. Une candidature de Doumbouya impliquerait donc une révision controversée de ce texte fondateur. À Conakry, d’autres mobilisations populaires ont rassemblé plusieurs milliers de personnes, réclamant elles aussi une continuité du pouvoir actuel. Des organisations professionnelles, des syndicats et des jeunes ont publiquement exprimé leur soutien à Doumbouya, vantant ses réformes économiques et sa gouvernance rigoureuse.

Cependant, le flou demeure sur ses intentions réelles. Doumbouya n’a pas encore annoncé s’il se portera candidat. Mais les démonstrations de soutien laissent penser qu’un scénario de prolongation du pouvoir est en préparation. La Guinée entre dans une période charnière. Les élections de décembre 2025 pourraient marquer un tournant démocratique… ou bien renforcer une nouvelle concentration du pouvoir. La légitimité du scrutin dépendra de la transparence du processus, de l’inclusivité politique et du respect des engagements pris par les autorités de transition.

Alors que la population montre des signes d’espoir et de mobilisation, une question reste en suspens : Mamadi Doumbouya honorera-t-il sa promesse de ne pas se présenter, ou cédera-t-il à la pression populaire et politique pour prolonger son règne ?

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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