Transition en Guinée : Doumbouya reçoit le texte qui doit tout changer


Lecture 3 min.
Mamady Doumbouya, président de la Transition de Guinée
Mamady Doumbouya, président de la Transition de Guinée

À trois mois d’un référendum décisif, Mamadi Doumbouya a reçu le projet de nouvelle Constitution censé marquer le retour à l’ordre constitutionnel en Guinée. Fruit de longues consultations menées par le CNT, ce texte suscite autant d’attentes que de doutes. Le flou autour de sa présentation et les critiques de l’opposition interrogent sur la sincérité de la transition engagée.

La Guinée vient de franchir une étape symbolique dans son processus de retour à l’ordre constitutionnel. Le jeudi 26 juin, le président de la Transition, Mamadi Doumbouya, a officiellement reçu le projet de nouvelle Constitution, fruit de longs mois de concertation menés par le Conseil national de la transition (CNT). Une remise solennelle, à huis clos, dans un contexte politique tendu, à trois mois du référendum prévu le 21 septembre 2025.

Une remise en grande pompe, mais sans la presse

C’est au palais présidentiel Mohammed V que les 80 membres du CNT, emmenés par leur président Dansa Kourouma, ont présenté le projet au chef de l’État. Le geste est fort, l’image symbolique. Pourtant, la cérémonie s’est déroulée sans journalistes, un huis clos révélateur d’un certain verrouillage de l’information. La veille, les parlementaires avaient été réunis en plénière au Palais du Peuple pour une dernière lecture du texte, entériné à l’unanimité. Quelques points sensibles ressortent déjà : le septennat est maintenu, la limitation à deux mandats rétablie, après avoir été un temps supprimée.

Le projet, annoncé comme le fruit d’un processus participatif, a été amendé par un comité d’experts. Il entend jeter les bases d’un nouveau cadre institutionnel, plus inclusif. Une campagne de vulgarisation est attendue avant le référendum de septembre, avec une forte mobilisation de la société civile, des jeunes et des femmes. Le CNT mise sur cette dynamique pour renforcer l’appropriation populaire du texte. Toutefois, des formations politiques majeures, comme l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, dénoncent un simulacre. Le boycott de la cérémonie par plusieurs partis traduit une défiance persistante.

Un calendrier électoral sous pression

La pression s’intensifie sur les autorités de transition. Le CNRD, arrivé au pouvoir par un coup d’État en septembre 2021, s’était initialement engagé à rendre le pouvoir aux civils avant fin 2024. Promesse non tenue. C’est finalement dans ses vœux de Nouvel An que Doumbouya a annoncé que 2025 serait « une année électorale cruciale ». Depuis, plusieurs étapes-clés ont été enclenchées, notamment la réception de kits électoraux en avril, destinés à mettre à jour le fichier, y compris pour la diaspora.

Mais pour les opposants comme Lansana Faya Millimouno, ce calendrier est « précipité » et vise avant tout à calmer la communauté internationale. Il fustige une gouvernance autoritaire et un processus sans véritable dialogue politique.

À l’approche du référendum, les autorités guinéennes doivent convaincre l’opinion publique et les partenaires internationaux que le retour à l’ordre constitutionnel ne sera pas qu’un simple habillage démocratique. Le texte, dont le contenu intégral n’est pas encore public, sera scruté de près.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News