RDC : nouvelles révélations sur la vague d’arrestations au sein de la haute hiérarchie militaire


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Force Armée RDC
Les Forces Armées de la RDC

Dans un climat de fortes tensions au sommet de l’armée congolaise, une opération menée dans la plus grande discrétion a conduit à la mise à l’écart de plusieurs hauts gradés jusque-là considérés comme des piliers de l’appareil sécuritaire national. Les révélations qui émergent peu à peu dessinent les contours d’un dossier sensible, aux ramifications politiques et militaires profondes. Entre zones d’ombre, lieux de détention tenus secrets et inquiétude croissante des familles, cette affaire marque un tournant inédit au sein de la hiérarchie militaire de la RDC.

L’affaire secoue depuis plusieurs jours les cercles politiques et sécuritaires de la République Démocratique du Congo : une série d’arrestations visant des officiers de tout premier plan a été confirmée par les autorités, sans que les détails n’aient été rendus publics dans l’immédiat. Le 22 novembre, le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC), avait brièvement admis l’existence de ces interpellations, évoquant des faits d’une gravité exceptionnelle, directement liés à la sécurité nationale. Il s’était toutefois refusé à livrer des noms ou à répondre aux nombreuses questions de la presse, invoquant la sensibilité du dossier.

Depuis, plusieurs sources militaires et institutionnelles permettent de mieux comprendre l’ampleur de ce vaste coup de filet. Parmi les personnalités mises en cause, trois généraux se distinguent par leur rôle central dans l’appareil sécuritaire congolais. Le plus en vue est le général Franck Ntumba, jusque-là chef de la Maison militaire du président de la République. Cette fonction stratégique, directement rattachée à la Présidence, confère à son titulaire un accès privilégié à la gestion quotidienne des dossiers sécuritaires.

D’importantes figures de la sécurité nationale dans le viseur

Dans l’entourage du chef de l’État, Ntumba était considéré comme l’un des hommes clés du dispositif de protection et de renseignement. Son arrestation constitue donc un événement significatif, révélateur de tensions profondes au sein de la hiérarchie militaire. Autre figure arrêtée : le général Christian Tshiwewe, ancien chef d’état-major des FARDC. Au moment de son interpellation, il occupait le poste de conseiller militaire du Président Félix Tshisekedi. Cette proximité directe avec le sommet de l’exécutif rend également sa mise à l’écart particulièrement notable.

Un troisième nom s’ajoute à la liste, celui du général Christian Ndaywel Okura. Longtemps considéré comme l’un des piliers du renseignement militaire congolais, il avait été nommé il y a environ un an à la tête de l’état-major des forces terrestres. Selon plusieurs sources concordantes, au total 11 généraux seraient visés, accompagnés de 14 officiers supérieurs. Certains auraient été arrêtés en même temps que leurs proches collaborateurs, notamment leurs directeurs de cabinet.

Des lieux de détention tenus secrets et une sécurité renforcée

Les conditions de détention des officiers interpellés restent entourées de mystère. Ils ne sont pas incarcérés dans les établissements pénitentiaires habituels : il s’agirait plutôt de résidences sécurisées, décrites comme de véritables « villas ». Plusieurs sources militaires indiquent que la surveillance y est particulièrement stricte, à tel point que les visites auraient été suspendues après des soupçons d’attaque ou de tentative d’intrusion. Les familles, et même les épouses des détenus, n’ont plus été autorisées à se rendre sur place après ces alertes.

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Malgré la discrétion des autorités, le président de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH), Paul Nsapu, a pu rencontrer certains des officiers. Il affirme avoir vu les généraux Tshiwewe, Ntumba et Ndaywel, ainsi que d’autres hauts gradés. D’après lui, les intéressés ne sont pas détenus dans des sites clandestins, et la CNDH continuera de procéder à des visites lorsque cela lui sera demandé. Nsapu rappelle également que les autorités judiciaires militaires ne sont pas tenues de communiquer à ce stade.

Un dossier qui puise ses origines dans les revers militaires à l’Est

L’affaire se trouve encore dans sa phase d’instruction préparatoire, ce qui explique la grande opacité entourant les accusations précises et les preuves éventuelles réunies contre les officiers arrêtés. Cette nouvelle vague d’interpellations n’arrive pas sans précédent. Déjà, il y a plusieurs semaines, une première série d’arrestations avait visé des officiers rappelés du front oriental, après la perte de plusieurs villes face aux groupes armés, notamment l’AFC/M23.

Au cours de leurs interrogatoires, certains auraient mis en cause des collègues ou supérieurs, mentionnant des responsabilités ou défaillances graves. Ce sont ces déclarations qui auraient conduit à l’arrestation des nouveaux officiers aujourd’hui détenus. Quant aux premiers interpellés, ils se trouvent toujours à la prison militaire de Ndolo, à Kinshasa, où ils sont maintenus depuis leur retour de l’Est. Pour l’instant, le contenu des accusations reste flou, et aucune version officielle détaillée n’a été fournie. Ce silence nourrit les spéculations sur les enjeux politiques et militaires qui pourraient se cacher derrière ces arrestations spectaculaires.

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