
La coalition de l’opposition, Lamuka, hausse le ton et met en accusation la défaillance structurelle du secteur des transports en République démocratique du Congo.
En RDC, les accidents se multiplient sur les routes, dans les airs et sur les voies fluviales. Pour la coalition Lamuka, c’en est trop. Le mouvement pointe une responsabilité directe des pouvoirs publics, accusés de laisser se perpétuer un système mortifère faute de réformes, d’investissements et de contrôle effectif.
Une série noire d’accidents révélatrice d’un système à l’abandon
Pour Lamuka, les drames survenus ces derniers jours illustrent de manière frappante l’état de délabrement du secteur des transports dans le pays. En l’espace d’une semaine seulement, plusieurs catastrophes ont endeuillé le pays.
Un avion s’est écrasé à l’atterrissage au Katanga, sans qu’une enquête digne de ce nom n’ait été ouverte, dénonce Prince Epenge, communicant de la coalition. Selon lui, les quelques enquêteurs dépêchés sur place « se retrouvent bloqués, sans billet d’avion pour rejoindre Kinshasa », révélant une administration incapable de mener les investigations minimales après un accident aérien.
Dans le même temps, deux baleinières ont chaviré – l’une sur la rivière Sankuru, l’autre sur le lac Tanganyika – causant des morts et des disparus. Là encore, aucune enquête sérieuse n’aurait été initiée, selon l’acteur de l’opposition, alors même que ces accidents fluviaux se répètent mois après mois. Les statistiques officieuses qu’il cite font état d’une centaine de morts noyés chaque mois sur les fleuves, lacs et rivières du pays.
Ces tragédies, loin d’être isolées, sont révélatrices d’un phénomène structurel : l’absence de régulation, le manque de contrôle des embarcations, la surcharge systématique des bateaux, la vétusté des flottes aériennes et fluviales, et la quasi-absence de mesures de prévention. Autant d’éléments qui font du Congo l’un des pays où se déplacer est, pour une grande partie de la population, un risque permanent.
Lamuka accuse le gouvernement d’irresponsabilité et exige une refonte totale du secteur
Pour la coalition d’opposition, ces accidents ne relèvent pas du hasard mais d’une « irresponsabilité organisée », alimentée par l’inertie de l’État. « Les Congolais paient pour se déplacer, et pourtant, ils perdent la vie chaque jour entre le secteur volant, roulant et flottant », dénonce Prince Epenge. Pour lui, les dirigeants actuels portent la responsabilité d’un secteur laissé à l’abandon, où la corruption, l’improvisation et l’absence de moyens exposent les citoyens à des dangers mortels.
Lamuka exige une réforme en profondeur du système de transports, un contrôle rigoureux des opérateurs et des normes de sécurité, des enquêtes systématiques après chaque accident et une politique d’investissement public capable de moderniser les infrastructures. « Nous exigeons l’amélioration des conditions et des moyens de transport en RDC », insiste Prince Epenge, soulignant que l’État ne peut plus continuer à ignorer la gravité de la situation.
Au-delà de la dénonciation, la coalition met en lumière un paradoxe : dans un pays d’une dimension continentale, où les routes sont rares et souvent impraticables, où les voies fluviales constituent l’artère vitale de millions de personnes, le transport devrait être un secteur stratégique de l’action publique. Pourtant, il demeure l’un des domaines les plus négligés, avec des conséquences qui se mesurent en dizaines de vies perdues chaque semaine.
Une pression politique qui grandit
En portant ce dossier sur la place publique, Lamuka espère remettre la question de la sécurité des transports au cœur du débat national. La coalition compte également mettre l’État face à ses obligations : organiser, réguler et sécuriser un secteur essentiel à la vie économique, à la mobilité des citoyens et à la cohésion territoriale.
Face à la multiplicité des catastrophes aériennes, des naufrages meurtriers et des accidents de la route évitables, l’opposition attend du pouvoir qu’il fasse de la réforme du transport un marqueur politique majeur. Au-delà de l’opposition, des acteurs de la société civile ne cessent non plus de donner de la voix pour inviter les autorités congolaises à l’action. La balle est désormais dans le camp du gouvernement dont l’un des devoirs essentiels est d’assurer la sécurité des citoyens.





