Tourbières du Congo : la société civile se mobilise pour le climat


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rumba rap kin brazza paris bruxelles Tourbière du Congo
rumba rap kin brazza paris bruxelles Tourbière du Congo

Entre Brazzaville et Kinshasa s’étend un trésor écologique unique : les tourbières du bassin du Congo, véritables puits de carbone qui stockent l’équivalent de trois années d’émissions mondiales de CO₂. Face aux menaces d’exploitation industrielle, l’Organisation pour la Protection, la Préservation et la Promotion de l’Écosystème des Tourbières du Bassin du Congo (OPET-BC) déploie une stratégie inédite. Objectif : passer par un fonds onusien géré par la société civile, tout en mobilisant rappeurs et artistes congolais pour faire de cette cause écologique un mouvement de société. Portrait d’un activisme africain à la croisée de l’écologie, de la culture et de la justice climatique.

Un écosystème vital pour le climat mondial

S’étendant entre la République du Congo et la République démocratique du Congo, les tourbières du bassin du Congo représentent un enjeu écologique majeur. Cet écosystème vieux de plus de 14 000 ans agit comme un immense coffre-fort climatique : il retient plus de 30 milliards de tonnes de CO₂, soit l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales. Ce patrimoine naturel, l’un des plus vastes au monde, régule le climat planétaire et abrite une biodiversité exceptionnelle encore peu explorée.

Mais cet équilibre fragile est menacé. Sous la pression des industries extractives, pétrole, bois, minerais, cet écosystème se retrouve à la merci d’intérêts économiques à court terme.

L’OPET-BC, une réponse citoyenne et musicale à l’inaction politique

Pour contenir cette dégradation, l’OPET-BC, dirigée par Philippe Assompi, propose une approche audacieuse : la création d’un fonds onusien environnemental directement géré par la société civile congolaise. Ce mécanisme vise à contourner les circuits de financement opaques et à garantir la transparence des projets de conservation.

Forêt du Bassin du Congo
Forêt du Bassin du Congo

L’association défend une vision intégrée de la protection des tourbières : associer la conservation de l’environnement au développement humain. Éducation, santé et emploi local deviennent ainsi les piliers d’un modèle durable inspiré des pays nordiques, où l’écologie soutient le bien-être collectif.

Pour donner de l’ampleur à son combat, l’OPET-BC mise sur la culture urbaine et la diaspora congolaise. L’organisation appelle des figures du rap congolais et franco-belge, de Maître Gims à Damso en passant par Youssoupha et Gazo, à devenir les ambassadeurs de cette cause écologique.

L’association relie symboliquement la Rumba, inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité, au rap contemporain, influent auprès de la jeunesse. Cette rencontre entre tradition et modernité traduit un enjeu commun : transformer la notoriété artistique en moteur de mobilisation populaire pour sauver les tourbières du Congo.

Actions concrètes et plaidoyer international

Malgré un faible écho médiatique, l’OPET-BC agit sur tous les fronts :

  • Alerte régulière des institutions internationales sur les menaces pesant sur les tourbières du bassin du Congo.
  • Plaidoyer pour une gouvernance environnementale participative, impliquant les communautés locales.
  • Sensibilisation sur le paradoxe d’un écosystème crucial pour le climat mondial mais négligé dans les financements internationaux.
  • Renforcement des passerelles entre société civile africaine et institutions européennes.

Philippe Assompi déplore un déséquilibre persistant : « Si ces tourbières étaient situées en Europe, elles bénéficieraient de moyens colossaux et d’une protection exemplaire ».

Un combat pour la justice climatique

L’action de l’OPET-BC interroge les rapports Nord-Sud, la gouvernance environnementale et la place de l’Afrique dans les politiques climatiques mondiales. En défendant les tourbières du Congo, l’association milite pour un nouveau modèle africain de développement durable, où les communautés deviennent les gardiennes de leur environnement.

Pour Philippe Assompi, le message est clair : ce « bien commun de l’humanité » ne peut plus attendre. Entre corruption politique, prédation économique et indifférence internationale, la survie des tourbières du Congo dépend désormais d’une mobilisation collective et mondiale.

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