
La COP30 de Belém offre à la République du Congo une tribune pour rappeler son rôle crucial dans la préservation du deuxième poumon vert de la planète. Longtemps éclipsé par son voisin congolais et les négociations titanesques autour de l’Amazonie, Brazzaville entend désormais peser dans l’architecture mondiale du financement climatique.
Le paradoxe d’un trésor sous-valorisé
Au cœur de l’Amazonie brésilienne, les délégations africaines martèlent un message : le bassin du Congo stocke davantage de carbone par hectare que son homologue sud-américain, mais ne capte qu’une fraction dérisoire des investissements internationaux. Un déséquilibre que Denis Sassou-Nguesso, arrivé dès le 5 novembre à Belém, compte bien corriger.
Le président congolais a choisi la tribune de la COP30 pour hausser le ton. Son pays, explique-t-il, maintient une couverture forestière stable grâce à des politiques volontaristes avec la création d’aires protégées où la lutte contre l’exploitation illégale, mais ces efforts restent fragiles sans contrepartie financière à la hauteur des enjeux planétaires.
Une offensive diplomatique tous azimuts
L’agenda présidentiel à Belém témoigne d’une stratégie méthodique. Entre séances plénières et apartés bilatéraux avec les délégations européennes, asiatiques et latino-américaines, Sassou-Nguesso a multiplié les contacts pour repositionner son pays non plus comme simple gardien passif de la biodiversité, mais comme acteur pivot de la gouvernance forestière mondiale.
Cette ambition s’appuie sur des initiatives concrètes, du Sommet des Trois Bassins organisé à Brazzaville en 2023 aux engagements environnementaux intégrés dans le Plan national de développement. L’objectif : transformer l’atout écologique en levier économique via les crédits carbone, les programmes REDD+ et l’écotourisme responsable.
La « Belém Call », une percée prometteuse
Les efforts congolais trouvent un écho dans l’émergence de la « Belém Call for the Forests of the Congo Basin« , mécanisme inédit soutenu par le Brésil et plusieurs États européens. Cette initiative prévoit des financements pérennes sur dix ans pour les trois piliers forestiers de l’Afrique centrale que sont le Congo-Brazzaville, la RDC et le Gabon, avec une attention particulière aux communautés locales.
Pour Brazzaville, il s’agit d’amorcer une véritable transition vers ce que les autorités nomment « l’économie verte souveraine« , concept forgé avec l’aide de Françoise Joly, conseillère spéciale du président et architecte discrète de cette diplomatie environnementale.
Une influence qui s’inscrit dans une vision de long terme : faire du Congo-Brazzaville un interlocuteur incontournable sur les questions climatiques africaines.




