
L’ancien Président congolais et sénateur à vie, Joseph Kabila Kabange, ne s’est pas présenté, ce mardi 20 mai 2025, devant la Commission spéciale du Sénat chargée d’examiner le réquisitoire de l’auditeur général près la Haute Cour militaire en vue de la levée de ses immunités. Une absence justifiée par son parti, le PPRD, comme un refus de se soumettre à une procédure jugée « illégale et inconstitutionnelle ».
Le président du Sénat congolais, l’ancien Premier ministre, Sama Lukonde, a adressé, ce lundi, une lettre à l’ancien président de la République, Joseph Kabila, pour l’inviter à se présenter devant la Commission spéciale du Sénat chargée d’examiner le réquisitoire de l’auditeur général près la Haute Cour militaire en vue de la levée de ses immunités. Comme on pouvait s’y attendre, le chef du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ne s’est pas présenté.
« Un sénateur à vie n’a pas besoin d’immunités »
Le secrétaire permanent adjoint de cette formation politique s’est confié au média Actu30.cd sur le sujet. Pour le responsable, Joseph Kabila ne saurait répondre à une convocation fondée selon lui sur des motivations politiques, évoquant une forme « d’acharnement » contre l’ancien chef de l’État. « Cette invitation lancée par le président du Sénat au Raïs Joseph Kabila Kabange est une invitation illégale. Elle repose sur des rumeurs, sur le fait qu’il se serait trouvé à Goma, ou encore qu’il ne condamnerait pas l’agression rwandaise. C’est une honte pour notre Sénat de s’écarter de la loi portant statut des anciens chefs d’État », a-t-il déclaré.
Ferdinand Kambere a par ailleurs contesté la validité de la procédure visant la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila, arguant que ce statut ne s’applique pas aux sénateurs à vie. « Lorsqu’on parle de lever les immunités de Joseph Kabila, de quelles immunités parle-t-on ? Il n’a jamais bénéficié d’immunités parlementaires au même titre que les sénateurs élus. Le statut d’ancien Président lui confère automatiquement un rôle de sénateur à vie, dispensé des séances de travail, comme le précise le règlement intérieur du Sénat », a-t-il poursuivi, qualifiant la démarche judiciaire de « légère » et juridiquement infondée.
Selon lui, l’initiative du Sénat, appuyée par une saisine de l’auditeur militaire des FARDC, démontre une « incompétence institutionnelle » dans le traitement d’un dossier concernant un ancien chef d’État.
Une manœuvre de diversion, selon le PPRD
Pour le cadre du PPRD, l’affaire Kabila n’est rien d’autre qu’une stratégie de diversion orchestrée par le pouvoir en place afin de masquer ses échecs sécuritaires, notamment face à la résurgence de la rébellion du M23. « Ce n’est pas en s’acharnant contre Kabila que les gens oublieront que ce sont ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir qui ont permis au M23 de revenir. Ils refusent même les propositions de sortie de crise faites par les évêques. Ils ont validé la balkanisation du pays, et la seule voix qui s’y oppose encore clairement, c’est celle de Kabila et de son parti », a fustigé Ferdinand Kambere.
Pour rappel, Joseph Kabila est accusé par la justice congolaise d’entretenir des liens avec la rébellion de l’AFC/M23 afin de déstabiliser les institutions de la République. Si les charges sont graves, la procédure n’est qu’à ses débuts et pourrait s’avérer compliquée au regard du statut d’ancien chef d’État de Joseph Kabila qui, par ailleurs, continue de disposer de solides soutiens dans le pays qu’il a dirigé pendant 18 années.