Quel avenir pour Air Sénégal International ?


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Un avion Dash d'Air Sénégal International
Un avion Dash d'Air Sénégal International

Le conflit qui oppose le Sénégal et le Maroc sur la gestion d’Air Sénégal International (ASI) pourrait conduire très prochainement à un divorce à l’amiable entre les deux actionnaires. Ceux-ci ont entamé, mercredi, une discussion pour décider de l’avenir de la compagnie dont les avions ont cessé de voler depuis vendredi dernier.

Les appareils d’Air Sénégal International (ASI), victime d’une querelle qui oppose ses deux actionnaires, sont cloués au sol depuis une semaine faute de ressources financières. Les comptes de la compagnie ont été saisis dans le cadre d’une procédure engagée par l’aéroport international Blaise Diagne en vue du recouvrement des taxes aéroportuaires. De sources syndicales, ASI détenu à 51% par Royal Air Maroc (RAM) et à 49% par l’Etat sénégalais, endetté, a cumulé des pertes de 25 milliards de francs Cfa (38 millions d’euros), sur ces trois dernières années. Elle aurait besoin d’une recapitalisation d’environ 40 milliards de francs Cfa (60 millions d’euros) pour se relancer.

Le Sénégal et le Maroc, en conflit sur la gestion de la compagnie, se réunissent depuis mercredi, à Dakar, pour décider de l’avenir de la compagnie et de la poursuite ou non de leur partenariat. Les négociations qui se tiennent à huis clos, ont été suspendues mercredi soir et devraient reprendre ce jeudi. Les deux parties devaient consulter leurs autorités respectives avant la poursuite des pourparlers. Il s’agirait, d’après certaines sources, de trouver une solution de « divorce à l’amiable ».

Vers une séparation à l’amiable ?

A l’origine de ce conflit qui devrait aboutir à la fin d’un partenariat qui dure depuis 2000, une volonté de l’Etat sénégalais de prendre le contrôle d’ASI. Fin 2007, le ministre sénégalais des Transports avait annoncé que son pays allait porter sa participation de 49% à 75% du capital de la compagnie. Les Sénégalais reprochaient à son actionnaire principal une gestion douteuse. A l’époque la compagnie affichait un déficit de 12 milliards de francs Cfa.

Mais la promesse sénégalaise ne sera jamais tenue. Cette nationalisation annoncée de la compagnie rendait, d’après la partie marocaine, sa gestion plus difficile : les investisseurs et les clients ayant perdu confiance. Dans un communiqué publié fin février 2009, Royal Air Maroc (RAM) a affirmé ne disposer d’aucune visibilité et a appelé l’Etat sénégalais à respecter ses engagements. La compagnie aérienne marocaine a également exigé la mise en place d’une feuille de route faute de quoi, elle se désengagerait de la gestion d’Air Sénégal International à partir de fin mars 2009. Le gouvernement sénégalais ne l’a pas entendu de cette oreille. Il a saisi la justice. Début avril, cette dernière a interdit à la RAM de se retirer de la gestion d’ASI avant qu’un audit commandé par les Sénégalais n’ait été effectué.

Des compagnies aériennes nord-africaines en lice pour remplacer la RAM

Dans le même temps, la RAM a annoncé que « les comptes d’Air Sénégal International ont été bloqués par l’agence sénégalaise chargée de récupérer les taxes aéroportuaires ». Conséquence : la compagnie a arrêté ses activités le 24 avril. Tous les vols ont été annulés jusqu’à nouvel ordre. Quelque 500 emplois sont menacés. Les négociations entamées mercredi décideront de l’avenir de la compagnie. De sources sénégalaises, des compagnies aériennes du Maghreb, Tunis Air par exemple, seraient prêtes à remplacer la RAM comme partenaire stratégique du Sénégal.

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