
Le Paris Saint-Germain se retrouve aujourd’hui face à deux gros contentieux susceptibles d’ébranler son organisation interne. Entre la contestation contractuelle portée par Kylian Mbappé et les accusations de harcèlement moral formulées par Kheira Hamraoui, le club doit répondre à des enjeux juridiques lourds aux conséquences potentielles multiples. Ces affaires, qui s’invitent simultanément devant les prud’hommes, exposent des divergences profondes entre le PSG et deux anciens cadres de ses sections masculine et féminine, tout en ravivant les interrogations autour de ses pratiques internes.
Le Paris Saint-Germain a vécu une journée judiciaire décisive, convoquée ce lundi devant le conseil des prud’hommes de France pour deux dossiers sensibles : la demande de requalification de contrat déposée par Kylian Mbappé et l’action engagée par Kheira Hamraoui pour harcèlement moral. Deux affaires distinctes, mais qui mettent directement en cause les pratiques managériales et contractuelles du club parisien.
Mbappé veut faire reconnaître un CDI et conteste un accord verbal
Kylian Mbappé n’a pas assisté à l’audience, mais son absence n’a en rien atténué la tension palpable dans une salle trop exiguë pour accueillir avocats, représentants du PSG et public. Son litige porte sur un enjeu de taille : la requalification de son dernier contrat en CDI, ce qui pourrait ouvrir la voie à d’importants dédommagements. L’attaquant de l’équipe de France, désormais au Real Madrid, réclame près de 55 millions d’euros, correspondant à trois mois de salaire ainsi qu’à des primes de signature et d’éthique qu’il estime impayées.
Ses avocates s’appuient notamment sur une récente décision de la cour d’appel de Paris favorable à Adrien Rabiot, également « lofté » dans le passé par Paris, et dont le contrat avait été reconnu comme CDI. Le PSG rejette fermement les accusations du joueur et assure qu’un accord verbal avait été trouvé à l’été 2023 : Mbappé aurait accepté de renoncer à une part de ses émoluments en échange d’un départ libre et sans conflit, préservant ainsi les finances du club. L’entourage du joueur dément catégoriquement l’existence d’un tel arrangement, parlant même de « fantasme ».
Conditions du CDD ne correspondant pas aux spécificités sportives
Au cœur du litige, la mise à l’écart du joueur en juin 2023, après son refus d’activer une clause de prolongation. Le club, soupçonnant un accord anticipé avec le Real Madrid, l’avait écarté de la tournée au Japon. « Tous ceux qui ne voyagent pas au Japon ne font pas partie des plans du club », avait alors asséné le président Nasser al-Khelaïfi. Mbappé avait finalement été réintégré après la première journée de Ligue 1, ce que le PSG avait présenté comme le résultat d’un accord commun, un point aujourd’hui contesté par le joueur.
Si les échanges restent très techniques, les avocates de Mbappé cherchent à démontrer que les conditions du CDD ne correspondaient pas aux spécificités sportives introduites par la loi de 2015, non applicable selon elles au cas du joueur. La décision du conseil prud’homal pourrait avoir un effet boule de neige dans le monde du football professionnel. Le deuxième dossier de la journée, tout aussi explosif, concerne l’ex-joueuse Kheira Hamraoui.
Kheira Hamraoui isolée sportivement jusqu’à la fin de son contrat
Elle reproche au PSG une absence de soutien après la violente agression dont elle a été victime en novembre 2021 et dénonce une mise à l’écart prolongée ayant nui à sa carrière. Elle réclame 3,5 millions d’euros de dommages et intérêts. Son avocat, Me Garbarini, accuse le club de ne pas avoir réagi face à l’ostracisation dont sa cliente aurait été victime au sein du vestiaire, et de l’avoir isolée sportivement jusqu’à la fin de son contrat. Selon lui, le PSG n’a pas assumé ses responsabilités d’employeur face à une situation de détresse psychologique et professionnelle.
Le PSG oppose une défense ferme et structurée. Pour son avocat Me Louzier, aucune faute ne peut être imputée au club, qui affirme au contraire avoir tout mis en œuvre pour assurer la sécurité et le bien-être de la joueuse. Notamment, une sécurité rapprochée 24h/24 pendant plusieurs mois, un soutien psychologique, des enquêtes internes menées par le CSE, des aménagements d’horaires pour éviter l’exposition médiatique et des réunions de médiation au sein du groupe professionnel.
Deux affaires aux répercussions d’envergure pour le PSG
Le club souligne également avoir sanctionné plusieurs joueuses après des tensions internes, et insiste sur le fait qu’Hamraoui a disputé la quasi-totalité des matchs de la saison 2022-2023. Pour le PSG, cela prouve que sa carrière « s’est poursuivie dans des conditions normales ». Me Louzier attaque aussi la procédure sur le fond comme sur la forme : pièces incomplètes, documents non traduits, absence de plaintes internes de la part de la joueuse, et délai de près de deux ans avant la saisine des prud’hommes.
L’avocat demande le rejet complet de la plainte et réclame même une condamnation de la joueuse au titre des frais de justice. Pour le club parisien, ces deux dossiers tombent à un moment délicat, alors qu’il tente de stabiliser son image et d’affirmer un nouveau cycle sportif. Le jugement dans l’affaire Hamraoui sera rendu le 16 décembre. Celui concernant Mbappé, bien plus technique, pourrait s’étirer sur plusieurs mois, voire influencer une future jurisprudence concernant les contrats sportifs.





