Municipales au Togo : scrutin paisible malgré les tensions politiques


Lecture 3 min.
Vote
Election

Malgré un climat de défiance et des semaines de mobilisation sociale, les élections municipales du 17 juillet au Togo se sont déroulées dans le calme. Une accalmie apparente qui masque une crise politique profonde, ponctuée par la réforme constitutionnelle contestée et une opposition en quête de légitimité locale.

Ce jeudi, les Togolais ont été appelés aux urnes pour élire leurs conseillers municipaux, dans un climat politique globalement tendu. Malgré des appels à manifester et un lourd passif de contestations, la journée électorale s’est déroulée sans heurts majeurs. À Lomé comme en province, les bureaux de vote ont ouvert dans le calme, encadrés par un important dispositif sécuritaire.

Un scrutin symbolique dans la nouvelle République

Ces troisièmes élections municipales de l’histoire du pays, les premières depuis l’instauration de la Ve République en mai dernier, revêtent une importance particulière. Elles se tiennent dans un contexte de profonde défiance à l’égard du pouvoir de Faure Gnassingbé, président en exercice depuis 2005. En juin, de nombreux jeunes avaient manifesté à Lomé et dans d’autres grandes villes pour dénoncer la réforme constitutionnelle, la vie chère, et l’arrestation de figures critiques du régime. Ces mobilisations ont entraîné des affrontements violents avec les forces de l’ordre, causant la mort d’au moins cinq personnes selon le bilan officiel, voire sept selon des ONG.

Dans les rues de Lomé, les scènes habituelles de tension ont laissé place à une vigilance discrète. Les forces de sécurité ont été déployées aux principaux carrefours et aux abords des centres de vote, tandis que les frontières terrestres ont été fermées pour la journée, décrétée fériée. Malgré tout, l’affluence est restée faible. Selon plusieurs observateurs, les électeurs se sont déplacés « au compte-goutte », dans un climat mêlant prudence et désillusion. La Commission électorale (Céni) a toutefois salué la tenue paisible du scrutin.

Une opposition de retour, malgré les crispations

Contrairement aux sénatoriales de février dernier qu’ils avaient boycottées, plusieurs partis d’opposition ont choisi de participer à ces municipales. Pour eux, il s’agit à la fois d’un test politique et d’un moyen de réinvestir les institutions locales après des années de marginalisation. Mais cette participation ne fait pas l’unanimité : le mouvement de la société civile M66, né dans la diaspora, a maintenu ses appels à manifester et exige toujours la démission de Faure Gnassingbé. Des mandats d’arrêt ont même été lancés contre plusieurs de ses figures médiatiques, dont des blogueurs et artistes togolais engagés.

L’histoire électorale du Togo reste marquée par de longues périodes sans élections locales. Avant les municipales de 2019, il fallait remonter à 1987 pour trouver trace d’un tel scrutin. En 2019, le parti au pouvoir, l’Union pour la République (UNIR), avait remporté plus de 60 % des sièges. Le défi aujourd’hui est d’assurer un minimum de représentativité et de participation dans un contexte où la confiance envers les institutions s’est effritée. À l’heure où le pays s’ancre dans une nouvelle ère constitutionnelle, la stabilité politique reste fragile et le dialogue national, plus que jamais nécessaire.

Si la journée du 17 juillet s’est déroulée dans le calme, le silence qui a accompagné l’ouverture des bureaux de vote ne signifie pas que les tensions se sont dissipées. Le pouvoir semble avoir réussi à neutraliser la mobilisation dans l’immédiat, mais la colère reste palpable dans certains quartiers de la capitale et au sein de la jeunesse.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News