
Le climat politique togolais est de plus en plus tendu. Une coalition de partis d’opposition et d’organisations de la société civile a solennellement exigé, ce 12 juin 2025, la démission immédiate de Faure Gnassingbé. Cette prise de position survient dans un contexte de colère populaire grandissante, alimentée par une réforme constitutionnelle controversée et des manifestations de jeunes durement réprimées.
Après deux décennies de règne, le pouvoir de Faure Gnassingbé semble plus que jamais contesté.
Une réforme constitutionnelle jugée illégitime
La réforme de la Constitution, adoptée en avril 2024 sans référendum, a été le catalyseur de cette nouvelle vague de contestation. Elle instaure un régime parlementaire dans lequel Faure Gnassingbé occupe la présidence du Conseil, poste équivalent au chef de l’exécutif. Pour ses opposants, ce changement est une manœuvre déguisée pour prolonger indéfiniment son pouvoir. Ils dénoncent une « haute trahison » envers le peuple togolais, privé de consultation populaire.
Un appel à la désobéissance civile lancé
Réunis au sein du Cadre de réflexion et d’action pour le changement (Crac), les principaux partis d’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et les Forces démocratiques pour la République (FDR), ainsi que des organisations comme le Front citoyen Togo debout ou Novation internationale, appellent désormais les citoyens à désobéir. Des actions sont prévues dès le 23 juin. Selon eux, il est temps pour le peuple de « reprendre sa souveraineté » et de « faire échec à l’autorité illégitime ».
Des manifestations qui gagnent en intensité
Les 5 et 6 juin derniers, des jeunes Togolais sont descendus dans les rues de Lomé pour dénoncer le pouvoir en place. Ces manifestations spontanées, relayées via les réseaux sociaux, ont été rapidement réprimées : plusieurs dizaines d’arrestations ont été signalées, certaines suivies de violences. Mais loin de faire taire la contestation, ces répressions semblent avoir ravivé la flamme. De nouveaux appels à manifester circulent déjà pour les 26, 27 et 28 juin.
Un bilan de vingt ans de pouvoir dans le viseur
À travers le Crac, les opposants dressent un tableau sans concession des deux décennies de règne de Faure Gnassingbé. Ils dénoncent une gouvernance autoritaire marquée par des violences politiques, une économie stagnante et une corruption endémique.
De leur côté, les autorités togolaises défendent la réforme constitutionnelle comme un progrès institutionnel. Le ministre Gilbert Bawara affirme qu’elle s’inscrit dans une volonté de renforcer l’unité nationale et la stabilité du pays. Pourtant, le manque de consultation, l’absence de référendum, et l’opposition unanime d’une partie de la population minent la crédibilité de cette justification. Le fossé se creuse entre une classe dirigeante retranchée dans ses certitudes et une population en quête de renouveau.