
La libération de 56 manifestants à Lomé marque un geste d’apaisement, mais laisse encore planer l’incertitude pour des dizaines d’autres, toujours détenus et menacés de lourdes peines. Dans un climat de tension politique, la pression citoyenne grandit pour obtenir leur libération totale.
À Lomé, la libération de 56 personnes arrêtées lors des manifestations des 6 et 7 juin a apporté une acalmie dans la gestion des tensions politiques actuelles. Si cet acte d’apaisement a été salué par certains, il laisse encore dans l’incertitude des dizaines de manifestants toujours détenus, dont le sort reste suspendu aux décisions de la justice togolaise.
Un signal d’ouverture de la part des autorités judiciaires
Le 9 juin, le parquet du tribunal de grande instance de Lomé a annoncé la remise en liberté de 56 manifestants, interpellés lors des récents troubles ayant secoué la capitale togolaise. Cette décision concerne des personnes arrêtées dans les locaux de différentes unités de police et de gendarmerie, notamment à la suite de rassemblements spontanés dénonçant le régime de Faure Gnassingbé et la nouvelle constitution controversée. Face à la faiblesse des charges retenues contre certains détenus, le procureur Talaka Maawama a opté pour un rappel à la loi, en guise de sortie de crise partielle.
Parmi les personnes relâchées figurent des figures connues du milieu médical et universitaire, comme le docteur Hounou-Adossi Ayitévi Firmin Elom, la sage-femme Grâce Bikoni Koumayi, ou encore le doctorant en pharmacie Assiou Désiré. Leur libération n’est pas étrangère à la mobilisation active de la société civile. Le matin même, une marche pacifique avait été organisée par le corps médical depuis le CMS de Djidjolé, exprimant leur solidarité avec leurs collègues incarcérés. Cette pression collective semble avoir pesé dans la balance judiciaire.
Des dizaines de détenus toujours sous la menace d’une condamnation
Malgré ces libérations, plus d’une cinquantaine de manifestants restent en détention provisoire, en attente d’être présentés au parquet. Accusés de “troubles aggravés à l’ordre public” et de “mouvement de révolte contre les institutions de la République”, ils risquent entre un et cinq ans de prison selon les articles 495 et 496 du nouveau code pénal togolais. La plupart de ces détenus sont issus de milieux précaires, chômeurs, travailleurs temporaires, conducteurs de taxi-moto, et apparaissent comme les plus vulnérables dans un processus judiciaire aux contours flous.
Sur les réseaux sociaux, les appels se multiplient pour exiger la libération de tous les détenus, sans discrimination. Les militants dénoncent une répression ciblée visant les voix dissidentes et les couches populaires, tout en laissant planer la menace de poursuites contre celles et ceux qui ont exprimé leur mécontentement face à la nouvelle architecture politique du Togo. Pour beaucoup, ces arrestations apparaissent comme une réponse politique à une contestation citoyenne portée, entre autres, par des artistes engagés comme le rappeur Amron.