Togo : des mandats d’arrêt émis contre des artistes et blogueurs après les manifestations meurtrières


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Illustration manifestation au Togo

Les autorités togolaises ont durci le ton face au Mouvement du 6 Juin (M66), à l’origine d’une série de manifestations qui ont secoué la capitale Lomé fin juin. Ce mercredi 9 juillet, des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre de plusieurs artistes, influenceurs et blogueurs liés au M66.

Leur tort, selon le gouvernement : avoir incité à la contestation du pouvoir en place. Une nouvelle escalade judiciaire qui soulève de vives inquiétudes au sein de la société civile.

Des manifestations sous haute tension

Les 6, 26, 27 et 28 juin derniers, des milliers de Togolais ont protesté dans les rues de Lomé contre plusieurs mesures impopulaires, dont l’augmentation du prix de l’électricité, la détention de figures critiques du régime, et surtout la réforme constitutionnelle de 2024, accusée de favoriser la pérennité du président Faure Gnassingbé au pouvoir.

Les rassemblements ont été marqués par une violente répression. L’opposition et les ONG locales imputent la mort de sept manifestants aux forces de sécurité. Le gouvernement, lui, ne reconnaît que cinq décès, « pour la plupart par noyade », et évoque des « tentatives de déstabilisation orchestrées ».

Le Mouvement du 6 Juin dans le viseur du pouvoir

Accusés d’avoir encouragé des actes de vandalisme et de désordre, les artistes et blogueurs du M66 font désormais face à la justice. Le ministre de la Sécurité, le colonel Calixte Madjoulba, a confirmé le lancement de mandats d’arrêt. Il a assuré que les autorités iraient jusqu’au bout, quel que soit le lieu où se trouvent les personnes visées. Pour les autorités, il ne s’agit plus d’une simple mobilisation sociale, mais de « terrorisme » et de « manipulation » visant à semer le chaos dans la sous-région.

De son côté, le ministre de l’Administration territoriale, Hodabalo Awaté, a martelé que « les manifestations non déclarées et les appels au désordre ne peuvent en aucun cas être considérés comme des formes acceptables d’expression démocratique ».

La société civile prépare une réponse pacifique

Face à la répression et aux pertes humaines, les organisations citoyennes ne comptent pas baisser les bras. Le Front citoyen Togo Debout (FCTD) a annoncé l’organisation d’une grande marche pacifique, citoyenne et silencieuse dans les rues de Lomé, le 17 juillet. Le cortège s’achèvera à la lagune de Bè, là où plusieurs corps ont été retrouvés.

Des journées de prière sont également prévues dès le 11 juillet pour honorer la mémoire des victimes. Parallèlement, le parquet a ouvert une enquête contre X pour faire la lumière sur les circonstances exactes des décès.

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