Burkina Faso : l’opposant Hermann Yaméogo relâché après un enlèvement opaque


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Arrestation
Arrestation

Enlevé à son domicile par des hommes armés, Me Hermann Yaméogo a été relâché après plus de 24 heures de détention illégale à Ouagadougou.

Disparu pendant plus de 24 heures après avoir été emmené de force par des hommes armés à Ouagadougou, Me Hermann Yaméogo, figure historique de l’opposition burkinabè, a été remis en liberté. Ce geste intervient dans un climat tendu, où les enlèvements ciblés sont devenus une méthode de répression politique assumée par la junte au pouvoir.

Une interpellation sans cadre légal

L’avocat et président du parti UNDD a été enlevé samedi 26 juillet à son domicile par des individus armés vêtus en civil. Selon ses proches, cette arrestation serait liée à une tribune très critique qu’il avait publiée quelques jours plus tôt sur les réseaux sociaux. Dans ce texte, Hermann Yaméogo dénonçait l’inefficacité du régime militaire de transition dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, qualifiant le Burkina Faso de pays « suspendu au-dessus du vide ».

Interrogé par les services de l’Agence nationale de renseignement (ANR), il aurait été traité avec « courtoisie », mais n’a ni mangé ni bu durant sa détention. Son état de santé fragile aurait contribué à hâter sa libération, survenue dimanche 27 juillet au soir.

Une voix de plus muselée dans le silence ambiant

Le cas de Me Yaméogo n’est pas isolé. Depuis plus d’un an, les arrestations arbitraires et les enlèvements d’opposants, de journalistes ou de membres de la société civile se multiplient. La junte semble avoir fait de cette méthode un outil pour faire taire les critiques et imposer un climat de peur.

Dans ce contexte, la libération du septuagénaire, fils du premier président du Burkina Faso indépendant, n’apaise pas les craintes. Elle met au contraire en lumière la précarité des libertés publiques dans le pays, alors même que la transition politique est censée redonner espoir aux citoyens.

Une figure de l’opposition toujours debout

Malgré les risques, Hermann Yaméogo continue de porter une voix dissidente. Sa tribune dénonçait avec fermeté les « choix inefficaces » du régime, tout en appelant à une réorientation politique urgente. Pour ses partisans, il reste une figure emblématique de la résistance politique, fidèle à l’héritage démocratique de son père.

Sa libération n’efface pas l’acte arbitraire de son enlèvement, ni la menace permanente qui pèse sur les opposants au Burkina Faso. Dans un pays secoué par la violence jihadiste et les incertitudes politiques, le combat pour les libertés reste plus que jamais d’actualité.

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