Cameroun : Maurice Kamto conteste son exclusion de la présidentielle 


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Maurice Kamto
Maurice Kamto

Au Cameroun, la tension monte à l’approche de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain. Maurice Kamto, principal opposant au président Paul Biya, a vu sa candidature rejetée par Elections Cameroon (Elecam) au motif d’une « pluralité d’investitures ». Loin de se résigner, l’ancien président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a décidé de contre-attaquer en déposant un recours officiel devant le Conseil constitutionnel.

Une démarche qui remet sous les projecteurs la question de l’équité électorale dans le pays.

Une stratégie contournée, mais contestée

Écarté du jeu politique depuis le boycott des élections législatives et municipales de 2020 par son parti, le MRC, Kamto a tenté de revenir sur la scène présidentielle en s’alliant au Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie (Manidem), un parti d’opposition panafricaniste. Une manœuvre rendue nécessaire par une disposition du code électoral camerounais : seuls les partis disposant d’élus peuvent présenter un candidat. Mais un ancien membre du Manidem a lui aussi déposé une candidature, ce qui a créé un cas de « double investiture » invoqué par Elecam pour invalider celle de Kamto.

Indignation et soupçons de traitement inéquitable

Cette disqualification n’est pas passée inaperçue. Elle a provoqué une vague d’indignation au sein de l’opinion publique et dans la classe politique. Des voix s’élèvent pour dénoncer une décision biaisée. Elles accusent l’organe électoral d’appliquer une politique du « deux poids, deux mesures ». Certains rappellent que d’autres partis ont présenté plusieurs candidatures sans être sanctionnés de la même manière. Pour ses partisans, l’éviction de Kamto n’est rien d’autre qu’un coup de force visant à empêcher un réel challenger de concourir face au président sortant.

Un recours lourd d’enjeux démocratiques

Devant cette situation, Maurice Kamto a officiellement saisi le Conseil constitutionnel pour faire annuler la décision d’Elecam. Le recours, déposé lundi 28 juillet, s’inscrit dans un contexte particulièrement tendu. Des appels à la transparence et à l’impartialité se multiplient. Des figures politiques comme Issa Tchiroma Bakary ont exhorté les juges constitutionnels à faire preuve d’indépendance, tandis que le mouvement citoyen Stand Up for Cameroon dénonce un « processus électoral verrouillé ».

L’ombre du pouvoir en place

Pour le parti au pouvoir, le RDPC, cette polémique n’a pas lieu d’être. Le communicant Patrick Rifoe affirme que la décision d’Elecam repose sur des faits concrets : l’antériorité des conflits de leadership au sein du Manidem. Selon lui, chaque dossier a été traité selon ses spécificités. Il réfute toute volonté d’exclusion ciblée. Reste que, dans un climat politique miné par le doute et la méfiance, les explications officielles peinent à convaincre.

Vers une élection sous haute tension

La publication définitive de la liste des candidats à la présidentielle est attendue dans les prochains jours. Avec 22 autres recours déjà enregistrés, la pression est forte sur le Conseil constitutionnel. L’examen du dossier Kamto sera scruté de près, tant il cristallise les inquiétudes sur l’avenir démocratique du Cameroun.

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