Cameroun : que vaut la candidature de Maurice Kamto face à l’indéboulonnable baobab Paul Biya ?


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Maurice Kamto
Maurice Kamto

En déposant officiellement son dossier de candidature à la Présidentielle camerounaise prévue pour le 12 octobre 2025, Maurice Kamto rouvre une page politique que beaucoup pensaient refermée depuis le scrutin de 2018. Candidat malheureux mais charismatique face à Paul Biya, ce professeur de droit, ancien ministre, devenu figure de proue de l’opposition, revient avec une détermination intacte — mais dans un paysage politique où les lignes, elles, n’ont que très peu bougé.

Maurice Kamto ne portera plus les couleurs du MRC, parti dont il a démissionné dans un contexte encore flou, mais celles du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM). Ce choix suscite autant de questions que d’espoirs. Signe d’une stratégie renouvelée ou manœuvre de contournement face à une administration souvent hostile ? Les voix se multiplient pour douter de la régularité de sa démarche, notamment au sein du camp présidentiel. Les attaques n’ont pas tardé : Jean de Dieu Momo affirme déjà que cette candidature sera invalidée pour vice de forme, tandis que Grégoire Owona évoque un flou administratif autour de sa démission.

Mais au-delà des considérations juridiques se pose une question plus fondamentale : que vaut vraiment la candidature de Maurice Kamto dans un système verrouillé depuis plus de quatre décennies par Paul Biya ? Le Président en place, bientôt 92 ans, reste officiellement silencieux sur ses intentions. Pourtant, tout dans le dispositif politique camerounais continue de tourner autour de sa personne, comme s’il incarnait à lui seul la continuité de l’État.

Kamto pour faire vaciller l’indéboulonnable Biya ?

Face à ce « baobab » politique, dont les racines plongent dans les profondeurs d’un pouvoir personnalisé et d’un parti hégémonique, Maurice Kamto incarne un espoir de rupture, mais aussi une fragilité. En 2018, il avait su mobiliser, notamment dans les villes et parmi la jeunesse urbaine. Son discours, axé sur la réforme, la justice électorale et la fin de la captation du pouvoir, avait trouvé un écho. Mais cette dynamique suffira-t-elle en 2025, dans un contexte où les libertés publiques restent sous surveillance, où l’opposition est fragmentée et où la transparence du processus électoral demeure sujette à caution ?

En se présentant sous une nouvelle bannière, Maurice Kamto tente peut-être un coup de poker : contourner les blocages institutionnels, élargir sa base, et réinscrire son combat dans un cadre plus panafricaniste. Mais cette audace suffira-t-elle à défier un système qui a érigé la longévité au pouvoir en doctrine d’État ? Plus que jamais, la Présidentielle de 2025 s’annonce comme un test de maturité politique pour le Cameroun. Le dépôt de la candidature de Maurice Kamto est une étincelle dans un ciel encore chargé d’incertitudes. Reste à savoir si cette étincelle pourra embraser l’imaginaire collectif au point de faire vaciller l’indéboulonnable.

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Très attaché à l’Afrique Centrale que je suis avec une grande attention. L’Afrique Australe ne me laisse pas indifférent et j’y fais d’ailleurs quelques incursions
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