
Quelques heures après l’annonce par le président Alassane Ouattara de sa candidature à un quatrième mandat, la réaction de l’opposant en exil, Guillaume Kigbafori Soro, ne s’est pas fait attendre. Il dénonce sans réserve cette nouvelle candidature de son ex-mentor.
Dans une déclaration ferme publiée mardi soir, l’ancien Premier ministre et ex-président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, dénonce un « quatrième mandat présidentiel illégal » et accuse le Président Ouattara de piétiner la Constitution et les fondements de la démocratie ivoirienne.
Une mise en scène prévisible
Selon Guillaume Soro, cette annonce ne relève d’aucune surprise : « Le simulacre de suspense orchestré ces dernières semaines n’aura trompé personne — et surtout pas lui », écrit-il. Il accuse le Président sortant d’avoir préparé l’opinion à une nouvelle transgression de la loi fondamentale, à travers une « mise en scène » destinée à justifier une candidature qu’il juge « injustifiable ».
Rappelant les circonstances controversées du troisième mandat en 2020, arraché selon lui sous prétexte d’un « cas de force majeure », Soro souligne que Ouattara reprend aujourd’hui les mêmes « arguments éculés » – insécurité, défis économiques, stabilité – pour légitimer ce qu’il qualifie de « récidive ».
Une dérive autoritaire assumée
L’ancien chef rebelle va plus loin dans son réquisitoire, accusant Alassane Ouattara de refuser de quitter le pouvoir et de s’enfoncer dans une logique dictatoriale : « Il est prêt à tout pour pérenniser son pouvoir personnel, au mépris de la paix sociale, de la stabilité du pays et de la sécurité de ses habitants ».
Pour Guillaume Soro, la Côte d’Ivoire vit aujourd’hui sous un régime autoritaire caractérisé par la répression de l’opposition, la confiscation des libertés démocratiques et la manipulation du processus électoral. Il évoque une opposition « embastillée », une démocratie « bâillonnée », et une liste électorale « totalement truquée » qui, selon lui, annonce un scrutin sans équité.
Face à ce qu’il considère comme une impasse politique et une menace pour la paix, Guillaume Soro en appelle au sursaut du peuple ivoirien. Il appelle les citoyens à refuser la résignation face à une « dictature qui ne cache plus son visage » et à se mobiliser pacifiquement pour défendre la Constitution : « Le peuple de Côte d’Ivoire est placé face à sa responsabilité historique : se soumettre à une dictature ou se lever, dans le respect de la légalité, pour défendre la Constitution, la justice et la liberté ».
Un contexte particulièrement tendu à trois mois de la Présidentielle
Cette déclaration intervient dans un climat politique extrêmement tendu, alors que l’élection présidentielle prévue en octobre 2025 s’annonce explosive. La candidature d’Alassane Ouattara, qui dirige le pays depuis 2011, est contestée par plusieurs acteurs de l’opposition, notamment au sein du PPA-CI, du PDCI-RDA, et des mouvements proches de Guillaume Soro.
Le débat sur la légalité d’un quatrième mandat agite à nouveau la scène politique ivoirienne, tout comme en 2020, où la candidature de Ouattara avait été entérinée par le Conseil constitutionnel malgré de nombreuses contestations. Les tensions mémorielles, les fractures sociales et les soupçons sur l’indépendance des institutions font craindre un climat électoral délétère, surtout que les candidats recalés, notamment Laurent Gbagbo, n’entendent pas se laisser faire.