Mort de Mouhamed Gueye à Ajaccio : la famille du jeune Sénégalais porte plainte pour homicide volontaire


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La mort de Mouhamed Gueye, un Sénégalais de 26 ans abattu par la police à Ajaccio le samedi 20 décembre, suscite colère et incompréhension. Alors qu’il déambulait armé d’un couteau dans le centre-ville, il a été atteint de trois balles tirées par un policier. Sa famille, restée au Sénégal, a décidé de porter plainte pour homicide volontaire aggravé.

La scène s’est déroulée sur le cours Napoléon, très fréquenté à la veille des fêtes. D’après les premiers éléments, Mouhamed Gueye avait eu, depuis le matin, des comportements menaçants. Le jeune homme a déambulé dans la ville, passant dans plusieurs café où il a eu des altercations avec les clients. À 12h30, l’intervention policière vire au drame : trois coups de feu sont tirés.

Selon plusieurs témoins, l’homme refusait de lâcher son couteau malgré les injonctions répétées des agents. L’enquête devra déterminer si la riposte policière était proportionnée. L’un des policiers raconte qu’il a senti son collègue menacé avant de tirer.

Un parcours entre Dakar et la Corse

Né en 1999 à Dakar, Mouhamed Gueye était arrivé en France en 2020 avec un visa étudiant. Depuis mai 2025, il vivait en Corse, où il travaillait dans un restaurant du centre d’Ajaccio. Sur lui, les enquêteurs ont retrouvé une carte d’identité sénégalaise et une fausse carte belge, créant une confusion initiale sur sa nationalité.

Son avocate, Me Alija Fazaï-Codaccioni, indique que le jeune homme souffrait de troubles psychiatriques. Les analyses toxicologiques et l’autopsie prévue en début de semaine devront éclaircir son état mental et physique au moment des faits.

La famille conteste la version des autorités

Les parents de Mouhamed Gueye ont mandaté Me Fazaï-Codaccioni pour déposer plainte. L’avocate souhaite faire la lumière sur les circonstances du tir mortel, notamment sur la nécessité d’un troisième coup de feu, alors que le jeune homme était déjà neutralisé. Elle rappelle que la légitime défense doit respecter les principes de proportionnalité définis par la loi du 28 février 2017 sur la sécurité publique.

Me Fazaï-Codaccioni critique également la décision du parquet de confier le dossier à la Direction interdépartementale de la police nationale de Corse-du-Sud, et réclame que la gendarmerie soit saisie afin de garantir l’impartialité de l’enquête.

Réactions et mobilisation au Sénégal

Au Sénégal, l’organisation Horizon sans Frontières (HSF), qui œuvre pour la défense des migrants, a dénoncé une mort tragique évitable. Dans un communiqué, elle a appelé à une mobilisation diplomatique et exhorté les autorités sénégalaises à protéger leurs ressortissants à l’étranger.

Le parquet d’Ajaccio de son côté défend la légitimité de l’action policière. Le procureur Nicolas Septe affirme que les policiers ont tenté « par tous les moyens » de raisonner l’individu avant de tirer. Selon lui, les témoignages confirment que l’homme était particulièrement vindicatif et menaçant.

Pour le moment, la saisine de l’IGPN n’a pas été jugée nécessaire. Ce que la famille du défunt conteste vivement. L’enquête pour homicide volontaire et tentative d’homicide aggravée s’appuiera notamment sur les vidéosurveillances et les nombreux témoignages de passants présents ce jour-là.

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