Mondial 2026 : explosion de joie à Dakar chez les Cap-verdiens après la qualification historique des Requins Bleus


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Cap-Vert (13 nov 21)
Cap-Vert

Cris de joie, drapeaux brandis, klaxons et chants patriotiques… L’ambiance était électrique lundi soir dans le quartier de la Médina, à Dakar, où réside une importante communauté cap-verdienne. Le Cap-Vert vient de décrocher sa première qualification à une Coupe du monde, un moment historique qui a enflammé les cœurs de ses ressortissants au Sénégal.

Dans les rues de la capitale sénégalaise, ils étaient des centaines de ressortissants cap-verdiens à fêter la victoire 3-0 contre l’Eswatini, synonyme de billet pour le Mondial 2026. Pour cette diaspora discrète mais soudée, c’est bien plus qu’un exploit sportif : c’est une revanche sur l’histoire, un cri de reconnaissance et un hommage à une nation résiliente.

« Une fierté immense pour nous tous »

Installé à Rufisque depuis plus de 20 ans, João Da Silva ne cache pas son émotion : « J’ai pleuré à la fin du match. On attendait ça depuis toujours. On n’est pas nombreux, mais on a toujours cru en nos joueurs. C’est une fierté immense pour nous tous ici au Sénégal ». Devant son échoppe, des jeunes brandissent des pancartes « Força Tubarões Azuis » (Allez les Requins Bleus), dans une ambiance joyeuse et fraternelle.

À Dakar, les Cap-verdiens sont estimés à environ 3 000 personnes, principalement établis dans les quartiers de la Médina, Ouakam et Pikine. Dès le coup de sifflet final, une marée de drapeaux rouge, vert et bleu a envahi les rues. Des cortèges improvisés ont animé la nuit jusqu’au petit matin. Dans la petite cour du centre culturel cap-verdien de la Médina, les chants traditionnels mêlés aux slogans de soutien à l’équipe nationale résonnaient à plein volume. Une scène improvisée accueille même un groupe de batuque, rythmé par des percussions typiques de l’archipel.

« Bubista a fait ce que personne n’avait osé rêver »

Pour Carla Monteiro, 24 ans, originaire de São Vicente et étudiante à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), cette qualification est un tournant pour toute la jeunesse cap-verdienne : « Pedro Brito dit Bubista a fait ce que personne n’avait osé rêver. Il a uni les joueurs locaux et ceux de la diaspora. Il a donné à notre peuple une image forte, digne. Aujourd’hui, je me sens plus cap-verdienne que jamais ». Elle souligne aussi le symbole fort de cette qualification : « Nous avons montré qu’avec peu de moyens, mais beaucoup d’amour pour notre pays, on peut réaliser de grandes choses ».

La qualification du Cap-Vert s’explique notamment par la stratégie inclusive de Bubista, qui a su rassembler une équipe cosmopolite et complémentaire. Le but décisif inscrit par Tino Livramento, né aux Pays-Bas, illustre l’importance de la diaspora dans ce succès. Mais les piliers locaux, à l’image de Ryan Mendes ou Vozinha, n’ont pas été éclipsés. C’est cette alchimie qui a fait la force des Requins Bleus, comme le souligne Manuel Lopes, technicien à Pikine. « Une équipe qui représente tous les Cap-verdiens. Cette équipe, c’est nous tous. Il y a des joueurs nés en France, au Portugal, aux États-Unis… et d’autres des îles. Mais tous portent le même maillot avec fierté. On se reconnaît en eux ».

« Nous allons organiser une grande fête »

Manuel, 42 ans, arrivé au Sénégal en 2005, suit tous les matchs de la sélection dans un petit bar du quartier. À ses yeux, cette qualification dépasse le cadre du sport : « C’est la preuve que nous sommes un peuple uni, même séparé par les océans ». Les Cap-verdiens du Sénégal ont également tenu à remercier leurs hôtes pour leur soutien. Nombreux sont les Sénégalais qui ont célébré avec eux cette qualification inédite. Dans certains quartiers comme Grand-Yoff ou Parcelles Assainies, des groupes mixtes ont fêté la victoire ensemble.

À la tête de l’Association des Cap-verdiens de Dakar, Miriam annonce déjà des festivités à venir : « Nous allons organiser une grande fête culturelle dans les prochaines semaines, avec musique, cuisine et danse. Ce sera notre manière de dire merci au Sénégal, et de célébrer le Cap-Vert ». Elle appelle également à mobiliser la diaspora autour de l’équipe pour le Mondial : « Il faut maintenant accompagner nos joueurs. Beaucoup d’entre nous iront aux États-Unis pour soutenir l’équipe ».

Cap… « Vert » les États-Unis !

Le Cap-Vert participera à la Coupe du monde 2026, organisée aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Une aubaine pour une diaspora très présente en Amérique du Nord, notamment à Boston, Providence, et New Bedford. Un sentiment partagé par José Tavares, jeune chauffeur à Guédiawaye. « Mon frère est à Boston, il me dit que là-bas, tout le monde est fou de joie. Moi, je vais économiser chaque CFA pour aller à New York ou Miami et voir le Cap-Vert jouer. Même si je dois dormir dans un parc ! » Au-delà du sport, cette qualification pourrait aussi avoir un impact positif sur l’image du Cap-Vert à l’international, et renforcer les liens entre la diaspora et les institutions du pays.

Le gouvernement cap-verdien a déjà annoncé une série de mesures pour soutenir les supporters de la diaspora qui voudront se rendre au Mondial. Le Cap-Vert est désormais entré dans le cercle fermé des nations qualifiées pour la Coupe du monde. Une fierté pour ses habitants, mais aussi pour sa diaspora, notamment au Sénégal, qui a célébré ce moment historique avec ferveur, émotion et un immense sentiment d’unité. Comme le résume si bien Carla Monteiro : « Le football nous a rassemblés. Maintenant, c’est au monde entier de découvrir qui nous sommes ».

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Une plume qui balance entre le Sénégal et le Mali, deux voisins en Afrique de l’Ouest qui ont des liens économiques étroits
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