Massacre du 28 septembre en Guinée : Dadis Camara absout par la junte


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Une commission d’enquête mise en place par la junte militaire en Guinée a mis hors de cause le capitaine Moussa Dadis Camara dans le massacre du 28 septembre à Conakry. Présenté mardi au siège de l’Assemblée nationale dissoute, le rapport de la commission accuse le lieutenant Aboubacar « Toumba » Diakité, qui avait tenté de tuer le chef de la junte le 3 décembre dernier, d’être responsable de la tuerie. Des conclusions qui ne convainquent pas beaucoup de monde.

Moussa Dadis Camara innocent, le lieutenant « Toumba » coupable. Le chef de la junte guinéenne a été blanchi mardi par une commission d’enquête sur le massacre du 28 septembre 2009, mise sur pied par les autorités militaires guinéennes. L’enquête impute la responsabilité des crimes commis lors d’un rassemblement pro-démocratique dans un stade à Conakry au lieutenant Aboubacar Chérif Diakité dit « Toumba », l’ex-aide de camp du capitaine Dadis Camara, en fuite depuis sa tentative d’assassinat contre le chef de la junte le 3 décembre. « Le lieutenant “Toumba“ Diakité et un groupe de bérets rouges de la garde présidentielle étaient responsables des viols, meurtres, blessures et disparitions mystérieuses de corps enregistrés le 28 septembre dans le stade », a déclaré le procureur Siriman Kouyate, président de la commission guinéenne.

« Ils n’ont rien fait »

Les conclusions de la commission d’enquête installée par la junte contredisent la version d’une commission de l’ONU qui avait évoqué une « responsabilité pénale individuelle » du capitaine Dadis Camara, du lieutenant « Toumba » et du ministre chargé des services spéciaux, le commandant Tiegboro Camara. Ce dernier est également mis hors de cause par la commission guinéenne. « Ils (le capitaine Camara et le commandant Tiegboro Camara) ne sont responsables de rien, tranche Siriman Kouyate, il est établi que le président n’est jamais venu au stade. »

La commission d’enquête de la junte dénombre en outre 58 décès et 1480 blessés dans la tuerie du 28 septembre, et estime à cinq personnes mortes dans les jours qui ont suivi le massacre. Le bilan dressé par l’Onu évoque quant à lui 156 personnes tuées ou disparues, 109 femmes violées ou soumises à d’autres formes de violence sexuelle, et des centaines de personnes torturées ou victimes de traitements inhumains.

Seul membre de la junte nommément cité pour sa responsabilité dans le massacre du 28 septembre, le rapport de la commission d’enquête réclame des poursuites judicaires contre Aboubacar Chérif Diakité et ses hommes. Des conclusions que rejette l’opposition. On rapporte qu’au siège de l’Assemblée nationale dissoute, le rapport de Siriman Kouyate a été présenté devant une assistance très clairsemée mardi, composée de quelques dizaines de personnes dont la plupart sont des responsables de la junte.

A l’appel d’une Ong guinéenne, la procureure adjointe de la Cour pénale internationale (CPi) devrait de son côté se rendre à Conakry le 15 février pour déterminer si les crimes commis les 28 septembre relèvent de la compétence de la Cour. A suivre.

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